Georges DUHAMEL, Le cinéma
Extrait du document
Jamais invention ne rencontra un intérêt plus général et plus ardent. Le cinéma est encore dans son enfance, mais le monde entier lui a fait confiance. Le cinéma a, dès son début, enflammé les imaginations, rassemblé des capitaux énormes, gagné la collaboration des savants et des foules, fait naître, employé, usé des talents innombrables, variés. Il consomme une grande quantité d'efforts, de courage et d'invention. Tout cela pour un résultat minime. Je donne tous les films du monde pour une pièce de théâtre, pour un tableau de peinture, pour un symphonie !
Toutes les œuvres qui ont tenu quelque place dans ma vie, toutes les œuvres d'art dont la connaissance a fait de moi un homme, représentaient d'abord une conquête. J'ai dû les aborder de haute lutte après une fervente passion. Par contre, l'œuvre cinématographique ne soumet notre esprit et notre cœur à nulle épreuve. Elle nous dit tout de suite ce qu'elle sait. Par nature, elle est mouvement, mais elle nous laisse immobiles, comme paralytiques. Beethoven, Molière, Vinci, j'en appelle trois, il y en a cent, voilà vraiment l'art ! Le cinéma m'a parfois diverti, parfois même ému, jamais il ne m'a demandé de me surpasser. Le cinéma n'est pas un art !
Georges DUHAMEL, Le cinéma
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