Georges RODENBACH (1855-1898) (Recueil : Le règne du silence) - Les chambres, dans le soir
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Georges RODENBACH (1855-1898) (Recueil : Le règne du silence) - Les chambres, dans le soir Les chambres, dans le soir, meurent réellement : Les persiennes sont des paupières se fermant Sur les yeux des carreaux pâles où tout se brouille ; Chaque fauteuil est un prêtre qui s'agenouille Pour l'entrée en surplis d'une extrême-onction ; La pendule dévide avec monotonie Les instants brefs de son rosaire d'agonie ; Et la glace encore claire offre une assomption Où l'on devine, au fond de l'ombre, un envol d'âme Quotidienne détresse ! âme blanche du jour Qui nous quitte et nous laisse orphelins de sa flamme ! Car chaque soir cette douleur est de retour De la mort du soleil en adieu sur nos tempes Et de l'obscurité de crêpe sur nos mains. Ô chambres en grand deuil où jusqu'aux lendemains Nous consolons nos yeux avec du clair de lampes !
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