Georges Simenon
Extrait du document
«
Georges Simenon
"Le plus grand de tous : le plus vraiment romancier que nous ayons en littérature", prédisait André Gide parlant de
Georges Simenon.
Sa fécondité, son succès, l'emprise qu'il exerce sur les esprits les plus différents lui ont défini une
place à part dans la littérature contemporaine.
Il est né à Liège et il a enfanté plus de cent soixante romans, dont
presque tous sont des clés passionnantes qui permettent de mieux comprendre le drame du créateur, et le "curieux"
des mouvements de l'âme, mais qui sont aussi pour le lecteur autant d'admirables histoires d'humanité.
Georges
Simenon est un grand auteur populaire dont les ouvrages sont traduits dans toutes les langues, sans perdre leur sel
et leur style.
Il n'utilise que des "mots matières" qui ont la même équivalence dans les idiomes les plus variés.
Mais il
ne se contente pas de conquérir dans l'espace quelques millions d'hommes, il exerce aussi son charme dans le
temps.
Tous les romans de Simenon ne sont que le même rêve sans cesse recommencé ; l'auteur met en circulation
les données immédiates de son tourment et dans cette mesure son oeuvre littéraire est son oeuvre d'homme et
nous concerne tous.
Il est l'interprète d'une très puissante inspiration subconsciente.
Ce n'est pas un conteur
"gratuit".
Les clés oniriques abondent dans tous ses écrits : répétition d'un leitmotiv propre à chaque roman :
atmosphère floue de l'ensemble ; multiplication des moyens d'évasion du réel (alcool, brouillard, chaleur écrasante)
qui créent un climat de rêve ou de demi-sommeil ; description vague mais typée par les détails des personnages ;
situations amenées sans transition comme dans les rêves ; crises cauchemardesques, psychologie sommaire des
héros qui sont oppressés, veules, comateux, obsédés ; symbolisme des images (pendu, noyé, fil de l'eau, chien) qui
sont les constantes du langage du rêve.
Mais si le romancier semble obéir à la volonté de retrouver certaines images d'un passé qui recrée un état de crise,
cette résurgence lui est chaque fois l'occasion d'un dépassement original.
Chaque roman de Simenon nous fait
assister aux oppositions, aux mariages des forces de l'imaginaire, de la logique et des ombres de l'être.
Avec une
intensité que la littérature n'avait pas connue avant lui, une remarquable simplicité de moyens, chaque livre est une
sorte d'exorcisme où, à travers ses héros, le romancier tente d'approcher une vérité qui pour lui être révélée doit
devenir charnelle.
Le message de Simenon est sans doute une tentative pour prolonger un conflit intime jusqu'aux
ultimes conséquences du langage.
Aussi longtemps que le romancier maintiendra cette volonté, cette liberté, sa
démarche sera une des conquêtes de la littérature.
La victoire de Simenon est de nous offrir la possession savoureuse de l'univers onirique et de transmuer des
cauchemars en "vie".
Il nous apprend comment on peut rendre solaires les personnages de la nuit.
Simenon écrit comme s'il était halluciné et à la fois supérieurement conscient.
Cette double appartenance au monde
du rêve et de la logique lui permet de prospecter les rives les plus étranges, et les plus vraies de l'humanité.
Son
oeuvre est une quête qui devrait intriguer les psychologues les plus avertis mais qui a essentiellement le mérite
supérieur d'offrir à des millions d'hommes humiliés, brimés, déprimés, l'occasion évangélique d'une communion, d'une
compréhension, d'une fraternité.
La littérature à ce niveau est un phénomène qui concerne une époque..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- De l’explication linéaire au commentaire composé On Purge bébé, (scène II) Georges Feydeau, 1910
- Georges Duhamel, La France, Pays des Fleurs
- Georges Moustaki: LE FACTEUR
- Georges de SCUDÉRY (1601-1667) - Le printemps
- Georges de SCUDÉRY (1601-1667) - L'inconstant par imitation