Gérard de Nerval, Sylvie, Chapitre XIII. Aurélie
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Gérard de Nerval, Sylvie, Chapitre XIII. Aurélie
La voiture met cinq heures. Je n'étais pressé que d'arriver pour le soir. Vers huit heures, j'étais assis dans ma stalle accoutumée; Aurélie répandit son inspiration et son charme sur des vers faiblement inspirés de Schiller, que l'on devait à un talent de l'époque. Dans la scène du jardin, elle devint sublime. Pendant le quatrième acte où elle ne paraissait pas, j'allai acheter un bouquet chez madame Prévost. J'y insérai une lettre fort tendre signée : Un inconnu. Je me dis : « Voilà quelque chose de fixé pour l'avenir », - et le lendemain j'étais sur la route d'Allemagne.
Qu'allais-je y faire ? Essayer de remettre de l'ordre dans mes sentiments. - Si j'écrivais un roman, jamais je ne pourrais faire accepter l'histoire d'un cœur épris de deux amours simultanés. Sylvie m'échappait par ma faute; mais la revoir un jour avait suffi pour relever mon âme : je la plaçais désormais comme une statue souriante dans le temple de la Sagesse. Son regard m'avait arrêté au bord de l'abîme. - Je repoussais avec plus de force encore l'idée d'aller me présenter à Aurélie, pour lutter un instant avec tant d'amoureux vulgaires qui brillaient un instant près d'elle et retombaient brisés. - Nous verrons quelque jour, me dis-je, si cette femme a un cœur.
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