Gustave Flaubert, L'Éducation sentimentale (1869)
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Gustave Flaubert, L'Éducation sentimentale (1869)
« Le dessert était fini ; on passa dans le salon, tendu, comme celui de la Maréchale, en damas jaune, et de style Louis XVI.
Pellerin blâma Frédéric de n'avoir pas choisi, plutôt, le style néo-grec ; Sénécal frotta des allumettes contre les tentures ; Deslauriers ne fit aucune observation. Il en fit dans la bibliothèque, qu'il appela une bibliothèque de petite fille. La plupart des littérateurs contemporains s'y trouvaient. Il fut impossible de parler de leurs ouvrages, car Hussonnet, immédiatement, contait des anecdotes sur leurs personnes, critiquait leurs figures, leus moeurs, leur costume, exaltant les esprits de quinzième ordre, dénigrant ceux du premier, et déplorant, bien entendu, la décadence moderne. Telle chansonnette de villageois contenait, à elle seule, plus de poésie que tous les lyriques du XIXe siècle ; Balzac était surfait, Byron démoli, Hugo n'entendait rien au théâtre, etc.
- Pourquoi donc, dit Sénécal, n'avez-vous pas les volumes de nos poètes-ouvriers ?
Et M. de Cisy, qui s'occupait de littérature, s'étonna de ne pas voir sur la table de Frédéric "quelques-unes de ces physiologies nouvelles, physiologie du fumeur, du pêcheur à la ligne, de l'employé de barrière".
Ils arrivèrent à l'agacer tellement, qu'il eut envie de les pousser dehors par les épaules. "Mais je deviens bête !" Et, prenant Dussardier à l'écart, il lui demanda s'il pouvait le servir en quelque chose.
Le brave garçon fut attendri. Avec sa place de caissier, il n'avait besoin de rien. »
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