Gustave FLAUBERT, Madame Bovary, (1857 )
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Dès le commencement de juillet, elle compta sur ses doigts combien de semaines lui restaient pour arriver au mois d'octobre. Mais tout septembre s'écoula sans lettres ni visites. Après l'ennui de cette déception, son cœur, de nouveau, resta vide, et alors la série des mêmes journées commença. Elles allaient donc maintenant se suivre à la file, toujours pareilles, innombrables, et n'apportant rien ! Dieu l'avait voulu ! L'avenir était un corridor noir et qui avait au fond sa porte bien fermée.
Elle abandonna la musique. Pourquoi jouer ? Qui l'entendrait ? Puisqu'elle ne pourrait jamais, en robe de velours à manche courte, sur un piano, dans un concert, battant de ses doigts légers les touches, sentir comme une brise, circuler autour d'elle un murmure d'extase, ce n'était pas la peine de s'ennuyer à étudier. Elle laissa dans l'armoire ses cartons à dessins. A quoi bon ? A quoi bon ? " J'ai tout lu ", se disait-elle. Et elle restait à faire rougir les pincettes, ou regarder la pluie tomber.
Comme elle était triste, le dimanche, quand on sonnait les vêpres ! Elle écoutait, dans un hébétement attentif, tinter un à un les coups fêlés de la cloche. Quelque chat sur les toits, marchant lentement, bombant son dos aux rayons du soleil. Au loin, parfois, un chien hurlait, et la cloche, à temps égaux, continuait sa sonnerie monotone qui se perdait dans la campagne.
Gustave FLAUBERT, Madame Bovary, (1857 )
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