Guy de MAUPASSANT (Une vie, 1883)
Extrait du document
«
Introduction
Dans Une Vie, Guy de Maupassant raconte l'existence malheureuse d'une héroïne, Jeanne, dans sa Normandie natale.
Mais au début du roman, la jeune fille est encore naïve et pressée de connaître toutes les joies de l'existence qu'elle a
imaginées dans le couvent où se déroula une partie de son enfance.
Durant le voyage de retour vers la demeure familiale, ses parents et la servante l'accompagnent dans leur berline.
Il
pleut sur le paysage normand.
Maupassant s'attache à décrire avec réalisme ce temps et ces lieux maussades, qu'il
connaît bien puisqu'il en est originaire.
Les personnages subissent la morosité de ce cadre, sauf Jeanne, qu'il exalte au
contraire.
I.
Le paysage
A.
La Normandie
- Le relief peu accidenté de cette région apparaît à deux reprises avec « les prairies » (l.10), « les campagnes
monotones » (l.18).
-La proximité de la mer se traduit par la présence d'un port au deuxième paragraphe.
B.
L'eau
La Normandie est une région humide, souvent pluvieuse.
L'eau envahit le texte sous diverses formes.
Maupassant
l'évoque avec réalisme.
1.
Description de la pluie :
- Son mouvement : la « bourrasque » (l.2) indique la présence d'un vent violent, qui accentue la force de l'averse :
elle « battait les vitres, inondait la chaussée » (l.4), elle est « acharnée » (l.28), les campagnes sont « trempées »
(l.18).
-Sa température : l'action se déroule au mois de mai, le temps est donc orageux mais chaud, comme le dévoilent le «
ruissellement tiède » (l.20) et la « buée d'eau bouillante » (l.29).
2.
Omniprésence de l'eau :
Tout le cadre baigne dans l'humidité :
- La mer n'est que suggérée, mais jointe au ciel « ruisselant » (l.8) et à l'averse qui tombe sur la terre et la mouille, elle
contribue à inonder le paysage.
- Le « brouillard d'eau » (l.12) unit l'air et le liquide.
Par eux, la pluie gêne la vision, et l'on ne s'étonne donc pas de
l'absence totale de couleur dans le texte.
Tout se mêle, la terre devient « boue » par son mélange avec l'eau, et même
les animaux n'exhalent plus un souffle chaud, mais une « buée d'eau bouillante » (l.20).
Même le saule a l'air « noyé »
(l.11).
-Par un étrange renversement, l'une des seules clartés du passage vient de « soleils de boue » (l.14), donc de la terre
et non du ciel.
La boue ne brille pas, elle est sombre, mais sans doute l'auteur pense-t-il aux éclats provoqués par le
soulèvement brutal des flaques bourbeuses.
L'image est belle : l'astre unique est absent, mais son souvenir se multiplie
sur la route.
Là encore, l'humidité envahit jusqu'à son contraire, avec ces soleils mouillés.
- L'autre lumière vient des « croupes luisantes » (l.28) des chevaux trempés.
- Les bruits se rapportent aussi à la pluie : gémissement de la bourrasque (l.4), battements sur les vitres (l.4),
clapotement des fers (l.13) dans les flaques.
Une allitération en [t] rend le tintement de l'eau sur le verre : « La
bourrasque gémissante battait les vitres » (l.4).
3.
La tristesse :
- La monotonie du paysage et de l'ondée assombrit le tableau au point qu'il donne une impression de mélancolie
profonde.
- Le champ lexical de l'attristement est riche : « gravement » (l.12), « tristesse » (l.23), « tristement » (l.7), «
gémissante » (l.4), « morne » (l.17), « désolation » (l.26).
4.
Une comparaison accentue cet effet :
-Les mâts, pourtant symboles de l'évasion, se dressent « comme des arbres dépouillés » en hiver (l.8).
- Mais surtout, la mort est présente à propos du saule, qui semble « noyé, les branches tombantes avec un
abandonnement de cadavre» (l.
11-12).
Certes il s'agit ici d'un arbre pleureur, mais l'image suggérée s'accorde bien à
la tonalité funèbre du paysage.
Transition : Cette tristesse qui envahit le paysage pénètre aussi les personnages.
II.
L'influence du paysage sur les êtres
Elle est très importante, mais ils réagissent différemment.
A.
La tristesse du cadre agit sur les proches de Jeanne
1.
Attitude physique :
- Le silence : la monotonie de l'extérieur, la longueur du trajet et le balancement de la berline provoquent.
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