Honoré de Balzac
Extrait du document
«
Avoué chez un notaire pour payer ses études de droit, Balzac abandonne à vingt ans ses études et ce travail pour
se consacrer à l'écriture.
Il écrit d'abord des romans historiques qu'il publie sous pseudonyme, comme ses premiers
romans sentimentaux ou “ noirs ”.
En 1829 paraissent un roman historique, Le Dernier Chouan, et un essai, La
Physiologie du mariage.
Ces deux livres signés de son nom lui valent aussitôt la célébrité.
Dans les mois qui suivent il
commence à imaginer d'avoir recours à des mêmes personnages, qui réapparaissent de roman en roman.
C'est une
gigantesque œuvre qu'il commence de composer.
Quatre-vingt-cinq romans écrits en vingt ans, et dans le même
temps trente contes (Les Contes drolatiques) et cinq pièces de théâtre.
C'est en 1841 qu'il décide du titre sous
lequel il réunit l'ensemble de ses romans : La Comédie humaine.
Cette comédie à laquelle participent plus de deux
mille personnages hantés par l'argent, le pouvoir ou l'amour se décompose en Scènes de la vie privée, Scènes de la
vie politique, Scènes de la vie de province, Scènes de la vie parisienne, Scènes de la vie de campagne, et enfin en
Etudes philosophiques et Etudes analytiques.
Les romans de Balzac permettent de retrouver ce que fut la société
française entre 1789 et 1848, observée autant qu'imaginée par un homme qui meurt d'épuisement.
Il laisse
également une importante correspondance avec Mme Hanska, qu'il appelait “ l'Etrangère ”.
Il n'a pu l'épouser qu'en
1850 en Ukraine, après avoir installé en se ruinant une maison rue Fortunée qu'il voulait digne d'elle et dans laquelle
il meurt.
L'un des derniers visiteurs qu'il reçoit quelques heures avant de mourir est Victor Hugo.
C'est lui qui
prononcera l'éloge funèbre de Balzac au Père-Lachaise, d'où Rastignac, l'un de ses héros, a jeté à Paris ce défi : “ A
nous deux maintenant ! ”
Honoré de Balzac
Balzac, parmi les écrivains du passé, est un de ceux dont nous connaissons le mieux la biographie et l'ensemble des attaches terrestres.
Même sa
proche ascendance et son milieu familial n'ont plus rien d'obscur.
Nous savons par exemple que son père s'appelait Balssa et était né dans une
maison paysanne du Sud-Ouest.
Ce Balssa commence de bonne heure une ascension vers la bourgeoisie.
Nous l'y voyons faire de rapides
progrès que le libéralisme de l'ancien régime finissant puis les événements de la Révolution n'ont certainement pas contrariés.
Parvenu à une
situation déjà enviable, il change son patronyme de Balssa en Balzac, qui sonne mieux, laissant à son fils, le futur Honoré de Balzac, le soin
d'achever ce savonnage de vilain par l'adjonction, ou du moins l'emploi ordinaire, de la particule (dont la valeur euphonique, en dehors de l'effet de
prestige, n'est pas contestable non plus).
Ledit Balssa se marie tard, avec une toute jeune Parisienne de très bonne bourgeoisie.
Il occupe une
série de fonctions importantes, qui l'amènent enfin à se fixer à Tours, et qui semblent témoigner aussi bien de la diversité de ses aptitudes que de
quelque habileté à manoeuvrer dans des temps difficiles.
Bref, notre Balzac vient au monde dans une famille de grand fonctionnaire, de presque grands bourgeois, où l'argent se manifeste parfois avec
abondance, où règne l'aisance à défaut du luxe, où l'on est rompu aux affaires, aux relations, aux responsabilités.
Du même coup il naît
Tourangeau ; et cette patrie par accident, il l'adopte si bien qu'il arrive à en devenir avec Rabelais et Descartes l'expression la plus célèbre ; et que
plus d'un biographe et historien de la littérature va se faire un jeu de découvrir en lui les vertus séculaires du terroir.
Quant à sa vie même, elle est trop fertile en épisodes et en vicissitudes pour que nous songions à la retracer.
Qu'il
nous suffise d'en retenir l'essentiel.
Un garçon né dans des conditions somme toute favorables, assez bien élevé et
instruit, dont la famille ne manque ni de ressources ni de relations, se jette dans la société d'après la Révolution et
l'Empire avec une voracité gaillarde qui, au début, ne distingue pas très nettement les buts ni les proies.
Ce qui est clair, c'est qu'il veut parvenir à une grande situation dans ce monde en partie nouveau dont les
cloisonnements intérieurs sont affaiblis.
En principe, toute grandeur lui est bonne : gloire, pouvoir, richesse...
Mais la
richesse est de toutes la plus substantielle, et sans son accompagnement les autres se mesurent mal.
Quant aux
jouissances de l'amour, elles viennent par surcroît : la flamme les attire.
Et d'ailleurs Balzac ne parviendra jamais à
les dissocier tout à fait de celles que cherche l'amour-propre.
Toutes ses aimées auront une " position sociale ".
Pourquoi se décide-t-il pour la littérature ? Beaucoup, certes, par vocation ; et cette vocation, dans l'inconscient,
exerce une pression irrésistible.
Un peu parce qu'il croit sentir de ce côté-là pour l'homme qu'il est de moindres
résistances.
Il devine aussi que cette société va donner de nouvelles chances au livre considéré comme un produit
qui se multiplie et se vend.
Cette vue très réaliste ne l'empêche pas de nourrir, dès le début, comme écrivain, les ambitions les plus hautes.
Mais elles restent confuses et ne s'embarrassent d'aucun scrupule de dignité.
Elles seront toujours hautes, mais ne deviendront jamais pures.
On se demande même si le choix qu'il finit par faire
du roman entre les " genres littéraires " n'est pas lié à l'idée que c'est le roman qui profitera le mieux des nouvelles
dispositions du " marché littéraire ".
Le théâtre en profitera aussi ; mais son public est moins soudainement
extensible ; d'autre part l'auteur y doit compter avec beaucoup trop de volontés étrangères, et beaucoup trop de
hasards sur lesquels il a peu d'action.
Bien sûr, dans les profondeurs, ce choix répond au génie de romancier qui
bouillonne en lui.
Mais il est assez sûr de lui-même pour croire que, s'il choisissait autrement, ses moyens et sa
volonté trouveraient un emploi non moins heureux.
Ensuite sa carrière se développe, merveilleusement féconde et absurde.
Il commence par publier des livres de bas étage, qui ne portent pas son
nom.
Dès cette époque, il est persuadé qu'il va traiter le problème de sa vie matérielle avec une habileté consommée.
Il gagnera beaucoup
d'argent ; d'abord en faisant, s'il le faut, n'importe quoi des livres de préférence, puisqu'il est outillé pour en produire puis en écrivant les
oeuvresL011M2 qu'il a envie d'écrire, qui seront grandes et sublimes, qui s'égaleront aux chefs-d'oeuvre du passé sans leur ressembler, qui le
feront bientôt connaître, et qu'au bout de peu d'années le public s'arrachera.
Ce jour-là, gloire et fortune lui seront acquises, indissolublement.
L'amour des belles dames, par voie de conséquence..
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