Jacques Prévert
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Jacques Prévert
Jacques Prévert, ou la poésie donnée à tout le monde.
C'est un fait, mais comme il n'est pas pour plaire au coeur des hommes de lettres, ceux-là, quelquefois, expliquent
un cas incomparable par une comparaison.
Jacques Prévert, proclament- ils alors, c'est un autre Paul Géraldy.
Celui
qui écrit :
Baisse un peu l'abat jour
égalerait par là-même celui qui évoqua la mutilation auto-infligée de Vincent van Gogh, dans ces vers :
...
Et l'homme s'enfuit en hurlant Pourchassé par le soleil
Un soleil d'un jaune strident
Au bordel tout près du Rhône
L'homme arrive comme un roi mage
Avec son absurde présent
Il a le regard bleu et doux
Le vrai regard lucide et fou
De ceux qui donnent tout à la vie (Complainte de Vincent, Paroles).
La poésie est forte quand elle est la peinture de van Gogh ou la parole de Prévert, quand elle est faite par qui boit le
vin des jours et regarde le tournesol virer au soleil.
Toute vérité fuit le décor truqué des mots présomptueux.
La langue traverse une épaisseur brumeuse, dépôt des conventions, et retourne à des sources, très anciennes,
gauloises peut-être :
En argot les hommes appellent les oreilles des feuilles c'est dire comme ils sentent que les arbres connaissent la
musique
Mais la langue verte des arbres est un argot bien plus ancien
Qui peut savoir ce qu'ils disent lorsqu'ils parlent des humains (Arbres, dans Parler, n° 12-13).
C'est là une voix païenne.
Je ne crois pas qu'on ait rien dit de sérieux quand on a dit que Prévert est athée.
Il est
contre les hommes de la peur et du cauchemar, contre la métaphysique de l'enfer et ses utilisations sociales.
Ce ne
serait que négatif, judicieusement négatif, s'il ne célébrait pas les feux désormais dits de la Saint-Jean.
En même temps, l'ennemi des instructions obligatoires.
Dans ces philosophies (dans ces propagandes) qui
prétendraient élucider et ordonner, proposer et imposer, qui sont des impératifs catégoriques, il voit une
accumulation de faridondaines lugubres, choses de rien quelquefois riches de crimes.
Que de bêtises d'homme
pendant que le soleil fait son travail :
Tant de forêts arrachées à la terre
et massacrées
achevées
rotativées (Tant de forêts, La pluie et le beau temps)
Propagandes, papiers d'identité, mauvaises farces, et le paysan dit à un capitaine (ou à un officiel, qu'importerait
lequel) :
Soyez poli avec le monde vivant, chose imprécise et appelée à disparaître (Le tableau des merveilles, Spectacle).
Les sociétés passent, les enseignements passent, et il suffit du vol d'un oiseau pour que s'efface l'enseignement
même :
l'encre redevient eau
les pupitres redeviennent arbres
la craie redevient falaise
le porte-plume redevient oiseau (Page d'écriture, Paroles)
Confiance aux enfants, confiance aux bêtes, et à la pluie comme au beau temps, aux arbres et à la mer.
Pour le
reste, des autonomies, des anarchies.
Ainsi, après le départ des généraux et des trésoriers, des colonisateurs et
des administrateurs, l'île Baladar :.
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