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Jacques TAHUREAU (1527-1555) - Chanson

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Jacques TAHUREAU (1527-1555) - Chanson Quand ma nymphette jolie Tourne devers moi ses yeux, Hors de moi s'enfuit ma vie, De moi navré furieux. Si une fois ma cruelle Détourne ses yeux de moi, Blessé de rage nouvelle, Je meurs en plus dur émôi. Que ferais-je donc pour vivre ? Quel jus reboirai-je, hélas ? Faudrait-il point que délivre Je me visse de ses lacs ? Ce serait le vrai breuvage, Ce serait ma guérison ; Mais je me plais davantage En cette douce prison.

« Commentaire d’un poème de Jacques Tahureau, Chanson Introduction : Notre poème a été écrit au XVème siècle par un auteur très peu étudié au lycée, Jacques Tahureau, poète qui avait une certaine renommée à l’époque où il a vécu (1527-1555).

Il a écrit en particulier pour dénoncer les tourments de l’amour.

Toutefois, dans notre poème, son regard n’est pas aussi tranché qu’il n’y paraît, il condamne l’amour tout autant qu’il le réclame. Projet de lecture : Quelle image de l’amour propose le poète à son lecteur par cette Chanson ? Pourquoi peut-on dire que cette image est fondamentalement ambiguë ? I La double aliénation amoureuse Introduction partielle : L’aliénation est une forme de souffrance.

Il s’agit d’un concept qui indique que l’amant est comme possédé par la personne qu’il aime et ce au point d’en perdre la raison.

L’amour conduit à la folie aussi bien lorsqu’il est partagé que lorsque l’amant se voit repoussé. 1) L’amour est source de souffrance Nous mettrons l’accent dans cette première partie sur l’analyse des quatre premiers vers dans lesquelles le poète convoque sa bien-aimée « ma douce nymphette ».

Il faut s’interroger sur l’identité de ce personnage.

Estce un surnom affectif pour désigner la maîtresse du poète ou s’agit d’une nymphe, personnage mythologique qu’il faudrait alors associer dans le cadre de notre étude à la figure de la muse inspiratrice.

Il semblerait que la première hypothèse soit la meilleure car le poète confie sa détresse.

Dans ces premiers vers, le poète évoque une relation d’amour partagé, la « nymphette » se tourne vers le poète, ce qui signifie métaphoriquement qu’elle est sensible à ses charmes.

Pourtant, le champ lexical qui décrit les affects du poète est celui de la souffrance « s’enfuit ma vie », « navré », « furieux ».

Il s’agit de termes extrêmement fort.

Comment les comprendre si l’amour est heureux ? En fait, le poète fait allusion à la perte d’identité associée à une relation fusionnelle.

La passion est telle qu’il s’y perd, sa « vie s’enfuit ».

L’adjectif furieux, qui vient du latin furiosus était beaucoup plus fort.

Il renvoie à la folie qui saisit le poète en présence de sa maîtresse.

L’accent est mis sur le mot furieux qui est marqué par la diérèse : furi eux.

Pour le décompte des vers, il faut prononcer le mot en trois syllabes.

Ainsi, l’amour trop intense rend fou. 2) Le manque d’amour et la jalousie sont des peines mortelles. D’un autre côté, l’absence d’amour est tout aussi difficile à vivre.

Les quatre vers suivant prennent le contre-pied des quatre premiers.

Ces deux groupes de quatre vers forment un diptyque qui représente d’un côté les méfaits de la passion, de l’autre l’horreur de l’abandon.

En effet, le poète évoque la souffrance qui le saisit quand le saisit quand sa belle « détourne » les yeux.

Il faut noter le polyptote entre les deux verbes tourner et détourner qui se répondent pour mieux s’opposer.

Ce verbe convoque métaphoriquement l’idée de la trahison et de la tromperie.

En effet, celle qui détourne le regard, qui regarde ailleurs, c’est celle qui commet une infidélité ce qui explique l’élan de rage qui saisit le poète.

De nouveau, le champ lexical de la souffrance est très vigoureux, et le superlatif « plus » dur renforce l’idée d’intensité.

Ainsi, que l’amour soit ou non partagé, il conduit l’amant à la folie et au désespoir.

C’est bien cette douleur et la quête désespérée d’une issue qui guide le poète. Transition : Le poète écrit pour chanter son désespoir.

Le poème participe du registre lyrique. II La complainte du poète 1) Une chanson d’amour Il nous faut réfléchir sur le titre même du poème, qui convoque l’idée de rythme et de mélodie.

En effet, le poète conformément à la tradition des poètes lyriques chante des sentiments.

Il use des ressources du langage et de la poésie pour donner un relief au signifiant des mots tout autant qu’à leur signifié.

Tous les vers comptent sept pieds, ce qui crée un rythme très particulier, dissymétrique.

Cette structure correspond bien a poème puisque Tahureau se heurte à un problème insoluble : le besoin d’être aimé se heurte aux souffrances engendrées par l’amour.

Pour un problème sans issue, une forme bancale si l’on ose dire, dissymétrique, qui ne parvient pas à trouver l’harmonie parfaite de la symétrie.

Dans ce poème, ma structure des rimes elle-même évoque l’amour, il s’agit de rimes embrassées avec une alternance de rimes féminines (qui se termine par un e) et de rimes masculines.

Ainsi, la forme sert le fond.

La musique du texte révèle les ambiguïtés des relations amoureuses. 2) La plainte et la tentation du suicide Les points d’interrogation sont l’indice de l’appel désespéré au lecteur « Que ferais-je donc pour vivre ? » Dans les vers suivants, le poète semble renoncer, il évoque la possibilité du suicide « Faudrait-il point que. »

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