Jacques TAHUREAU (1527-1555) - Ode
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Jacques TAHUREAU (1527-1555) - Ode Si en un lieu solitaire Les ennuis me font retraire Pour me plaindre tout seulet, Si je cherche les montagnes, Ou des plus vertes campagnes Le murmurant ruisselet ; Lors ces choses tant secrètes, Bien qu'aux autres soient muettes, Me voyant en tel émoi, Toutes d'un chant pitoyable, Mais, hélas ! peu secourable, Gémissent avecque moi. En quelque part que je tourne, Toujours le deuil y séjourne ; Le cours même du ruisseau S'enfle aux pleurs de ma complainte ; Sa fleur tombante à ma plainte Y pleure maint arbrisseau. Les poissons viennent en tourbe ; Le plus fort chêne se courbe Au son de mes piteux cris ; Et le Satyre folâtre Tout coi délaisse à s'ébattre Pour déplorer mes écrits. Je vois l'oiseau qui se penche Tout pensif dessus la branche, Puis en douloureux accents Dégoise en son doux ramage, Qui au plus félon courage Pourrait chatouiller les sens. Je vois le troupeau champêtre, Qui oublie à se repaître Pour entendre ma chanson ; J'entr'ois les cavernes basses, Par leurs voix rauques et lasses, Lamenter mon triste son. Mais que me sert faire entendre Mon chant pitoyable et tendre, Si une, hélas ! n'en croit rien, Que sur toute autre j'admire, Et que seule je désire Se convertir à mon bien ?
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