Jerome K. Jerome, Trois hommes dans un bateau.
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Jerome K. Jerome, Trois hommes dans un bateau.
L'après-midi s'achevait à peine lorsque nous fûmes installés et, comme nous disposions de tout notre temps, George estima qu'il fallait en profiter pour nous préparer un bon dîner. Il se proposait de nous montrer ce qu'on pouvait faire en matière de cuisine quand on campe au bord de la Tamise : avec des légumes, le reste du rôti et divers autres ingrédients, nous avions de quoi confectionner un délicieux ragoût irlandais.
L'idée nous parut fort alléchante. George alla aussitôt ramasser du bois pour faire un feu, tandis que Harris et moi commencions à éplucher les pommes de terre. Jamais je n'aurais pensé qu'il fût aussi ardu d'éplucher des pommes de terre. C'est l'un des travaux ménagers les plus considérables qu'il m'ait été donné d'entreprendre. Au début, nous étions plutôt joyeux, espiègles même, mais lorsque nous eûmes fini d'éplucher la première pomme de terre, notre bonne humeur s'était envolée. Car plus nous épluchions, plus il semblait rester de peau ; quand enfin nous eûmes enlevé toute la peau et ôté les yeux, il n'y avait pratiquement plus de pomme de terre. George vint y jeter un coup d'œil : elle avait la taille d'une cacahuète.
– Ça ne va pas du tout ! protesta-t-il. C'est un vrai gâchis. Il faut les gratter.
Nous les grattâmes donc, mais c'était encore plus difficile que de les éplucher. Les pommes de terre ont des formes si étonnantes : elles ne sont que bosses, creux et verrues. Au bout de vingt-cinq minutes d'un travail harassant, nous avions réussi à en peler quatre. Nous décidâmes alors de nous mettre en grève, déclarant que nous n'aurions pas trop du reste de la soirée pour nous gratter nous-mêmes, étant donné l'état dans lequel nous nous trouvions à présent.
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