Joris-Karl HUYSMANS (1848-1907) (Recueil : Le drageoir aux épices) - Le hareng saur
Extrait du document
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Introduction :
Notre texte est un poème en prose de Joris-Karl Huysmans.
Notre poème appartient au recueil Le drageoir aux
épices qui est la première œuvre de l’auteur publiée en 1774.
Huysmans débute sa carrière dans les lettres en adhérant
d’abord au groupe naturaliste.
Avec les autres disciples de Zola, il participe aux Soirées de Médan.
Il souhaite rendre
compte de la réalité dans toute la brutalité des sensations.
Assez rapidement, il s’éloigne du groupe car il en demande
davantage à l’écriture.
Non seulement il souhaite reproduire fidèlement la nature mais il est hanté par la nostalgie du
sacré, il cherche à donner une vision sublimée du réel.
Cette soif d’élévation le poursuit à tel point qu’il trouvera refuge
dans la religion chrétienne à la fin de sa vie.
Dans son roman À Rebours, Huysmans dit à propos à propos de la quête
de sensation frénétique de Des Esseintes : « c’étaient au fond, des transports, des élans vers un idéal, vers un univers
inconnu, vers une béatitude lointaine ».
Dans le « Hareng Saur », il semblerait que cette aspiration à l’infini
transparaisse déjà par delà la célébration de la réalité dans ce qu’elle a de plus prosaïque.
Projet de lecture :
Dans quelle mesure pouvons-nous lire cet texte comme un poème malgré le caractère éminemment trivial du
sujet traité : « le hareng saur » ? Il s’agira pour nous de montrer comment Huysmans se détache du naturalisme en
sublimant la réalité par le recours à la poésie.
I La poésie du prosaïsme
1) Une description précise et concrète
Nous sommes en présence d’un texte descriptif.
Huysmans s’attache à donner à voir au lecteur une réalité précise,
d’où le recours au présentatif « c’est » et l’utilisation du présent.
Il multiplie les détails concrets, il décrit les
« écailles » du poisson, évoque sa « tête », les « yeux » et s’attache à décrire précisément le jeu des couleurs des
écailles.
Ainsi Huysmans rend compte d’une réalité à la manière d’un écrivain réaliste.
Pourtant, il ne se contente pas
de décrire, il célèbre le poisson en usant des procédés poétiques.
2) Une ode à un objet trivial
Le poème est paradoxalement construit comme pourrait l’être un poème d’amour, une ode à une femme aimée.
Ainsi,
nous ne pouvons nous empêcher de déceler dans ce poème une certaine forme d’ironie.
Quand on observe les
embrayeurs d’énonciation, on peut se rendre compte que le poète s’adresse directement à l’objet de la description en
usant du vocatif « ô hareng » et du pronom personnel « tu ».
Deux interprétations sont envisageables.
On peut penser
que Huysmans s’amuse à singer les poète en reprenant les topos des poèmes d’amour pour mieux les subvertir ou
considérer que l’invocation confère à l’objet une plus grande réalité : il semble alors s’animer.
Huysmans use d’un objet
trivial pour nourrir sa poésie.
Il utilise le décalage entre la forme et l’objet pour donner à son poème plus de force et
d’impact.
Transition : Comment Huysmans place-t-il ses talents de poète au service de la représentation d’une réalité
concrète ? Pourquoi peut-on dire que la prose poétique sert la poésie du prosaïsme ?
II Une prose poétique
Un poème se définit par son rythme, sa musicalité et la richesse des images qu’il déploie.
Dans quelle mesure Huysmans
use-il de ces procédés poétiques pour célébrer le hareng saur ?
1) Un rythme
Le rythme est conféré au texte par les répétitions et les effets de parallélisme.
Huysmans multiplie les jeux rythmiques
dans ce texte qui rendent compte de l’enthousiasme du poète et de son aptitude à percevoir la beauté et la poésie
des objets.
Nous pouvons tout d’abord relever le parallélisme de construction qui ouvre les deux premiers paragraphes
redoublé par l’anaphore « ô hareng ».
Dans le premier paragraphe, on peut évoquer les similitudes de constructions des
groupes nominaux qui contiennent tous un complément du nom introduit par la préposition « de » ou « des » ; dans le
troisième paragraphe, on observe la répétition de « toutes les nuances » et dans le dernier celle de « revois ».
Huysmans multiplie les jeux rythmiques.
Le lecteur est comme emporté de répétitions en répétions, soulevé par
l’enthousiasme du poète qui s’émerveille de la beauté de la réalité dans ce qu’elle a de plus trivial.
2) Une mélodie
Dans cette partie, il convient d’analyser tous les jeux d’homophonies, les assonances et les allitérations :
-allitération en [p] : « palette », « patine », en [k], « couchants », « cuivre », « cuirs », « Cordoue » dans le premier
paragraphe.
Ces échos sonores créent une musique qui donnent un sens au réel, qui le dévoilent tout en sublimant.
- allitération en [b] dans le quatrième paragraphe « bitumes », « ombres », « brûlées », « bronze », « ambre »
-assonance en [an] dans le dernier paragraphe : « miroitant », « contemple », pense » « Rembrandt »,.
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