Jules LAFORGUE (1860-1887) (Recueil : Des Fleurs de bonne volonté) - Dimanches (I)
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Jules LAFORGUE (1860-1887) (Recueil : Des Fleurs de bonne volonté) - Dimanches (I) Le ciel pleut sans but, sans que rien l'émeuve, Il pleut, il pleut, bergère ! sur le fleuve... Le fleuve a son repos dominical ; Pas un chaland, en amont, en aval. Les Vêpres carillonnent sur la ville, Les berges sont désertes, sans idylles. Passe un pensionnat (ô pauvres chairs ! ) Plusieurs ont déjà leurs manchons d'hiver Une qui n'a ni manchon, ni fourrures Fait, tout en gris, une pauvre figure. Et la voilà qui s'échappe des rangs, Et court ! Ô mon Dieu, qu'est-ce qu'il lui prend Et elle va se jeter dans le fleuve. Pas un batelier, pas un chien Terr' Neuve. Le crépuscule vient ; le petit port Allume ses feux. (Ah ! connu, l'décor ! ) La pluie continue à mouiller le fleuve, Le ciel pleut sans but, sans que rien l'émeuve.
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