Jules Verne
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Jules Verne
(1828-1905) Ecrivain français.
Il a inventé le genre du roman d'anticipation scientifique.
Il a ainsi anticipé de manière époustouflante sur
de nombreuses conquêtes techniques (sous-marin, montgolfière) qui forment la trame de ses romans, en s'inspirant des connaissances
de son temps.
Il connaît un succès mondial avec le Tour du monde en 80 jours (1872), qui sera adapté au cinéma en 1956 avec David Niven dans le rôle
principal.
Le roman relate les aventures extraordinaires d'un gentleman anglais qui, suite à un pari, entreprend un voyage s e m é
d'épreuves dans les sphères inconnues de la Terre.
Explorant des domaines aussi divers que la géographie, l'ethnologie et la technologie,
Jules Verne se démarque, dans ses derniers romans, de sa foi en le progrès technique.
L'écrivain argentin Julio Cortazar reprendra son
héritage dans son recueil le Tour du jour en quatre-vingts mondes, brisant alors une réalité déterminée par la technique et la science par
l'irruption d e l'irréel dans la narration.
Jules Verne a écrit environ quatre-vingt livres, dont u n e bonne partie a été adaptée pour la
jeunesse.
Oeuvres
- Voyage au centre de la Terre (1864) ;
- De la Terre à la Lune (1865) ;
- Cinq Semaines en ballon (1868) ;
- Vingt Mille Lieues sous les mers (1870) ;
- le Tour du monde en quatre-vingts jours (1872) ;
- l'Ile mystérieuse (1874) ;
- Michel Strogoff (1876).
- Textes à lire -
"Ah ! L'heureux homme que ce Verne ! Dans un temps où l'on croyait le nouveau fini et bien fini, l'inédit impossible, l'originalité morte, il a
inventé un "genre" ; et l'on dira : c'est du Jules Verne, c o m m e o n dit : c'est de l'Erckmann-Chatrian.
Jules Verne c'est le roman à la
vapeur, et ses livres amusants pourront vraiment s'appeler un jour : "Les romans du Monde Moderne (Olivier Renaud)." Parallèlement,
Jules Verne écrivait : "Tout ce qui a été fait de grand dans le monde a été fait au nom d'espérances exagérées."
La citation d'Olivier Renaud et la phrase de Jules Verne m e remplissent toutes d e u x de réactions vives et contradictoires.
Autrefois
j'appartenais probablement à la foule anonyme, figurant sous le "on" d'Olivier Renaud.
En sortant d e l'École Polytechnique où j'avais
appris toute la construction solide et d'aspect définitif de la science, je ne concevais pas de transformations fondamentales.
Tout, ou à
peu près, était connu : les progrès se feraient dans les domaines de la technique avec la lente progression de l'amélioration continue.
Depuis lors, il
bien admettre
les problèmes
seulement dix
est vrai, avec le développement extraordinaire de la science nucléaire, de l'électronique, des techniques spatiales, il fallut
la possibilité de "l'inédit" : les connaissances de 1920 nous semblent maintenant appartenir au domaine de la préhistoire :
que nous avons à résoudre, les questions que nous nous posons étaient inconcevables, inexprimables pour la plupart il y a
ans.
Jules Verne, je l'ai lu bien sûr, comme tous m e s camarades, étant enfant, dans la belle édition rouge et dorée de Hetzel, avec ses
gravures si détaillées et étonnantes d'imagination.
Ce n'étaient pas pour nous des romans de science-fiction.
La science-fiction cherche à
étonner surtout ; les romans de Jules Verne nous émerveillaient plutôt : essentiellement ils nous émouvaient.
Il y a dans les personnages
de Jules Verne des caractères fondamentaux qui séduisent l'enfant.
Le Capitaine Nemo a rejeté la civilisation, il s'isole, fier, orgueilleux,
solitaire avec son équipe ; son ennemi le plus terrible n'est pas l'immense calmar aux centaines de ventouses qui coûtent la vie à une
partie de son équipage, c'est l'homme des sociétés mal faites, avec tous les défauts individuels ou grégaires que développe le monde.
Réussira-t-il, ce fier capitaine, lui qui a pu sonder les profondeurs de l'abîme, relevant ainsi le défi de l'Ecclésiaste, lui qui a su fabriquer, à
partir de ce qu'on trouve dans l'océan, tous les produits nécessaires ? Réussira-t-il à échapper finalement à l'homme ? Ce qui nous émeut
dans ce livre, c'est l'aventure du héros hors la loi, luttant avec toute la technique possible, avec tous les moyens q u e la science et
l'imagination peuvent procurer, pour se faire une vie valable et ne pas retomber entre les mains des hommes.
C'est la liberté, le désir de
vaincre l'impossible, qui nous émeut dans Jules Verne.
Alors, on prend parti pour le Capitaine Nemo, pour ce surhomme traqué, et on
prend par là même parti pour ses découvertes.
Or elles n'apparaissent pas ridicules ; les moyens mis en jeu sont extraordinaires mais ne semblent pas inconcevables, et c'est là une des
grandes forces de Jules Verne : il avait de bons conseillers scientifiques, et sa correspondance avec son éditeur montre bien à quel point il
était soucieux de ne pas tomber dans le gratuit.
Dans son roman De la Terre à la lune, il vérifie les distances et même choisit l'aluminium
pour son engin, ce qui semblait révolutionnaire, mais qui en réalité correspondait aux récentes découvertes de son ami le chimiste SainteClaire-Deville, membre d e l'Académie des Sciences et inventeur d e l'aluminium.
De telles correspondances n'impliquent pas,
naturellement, que toutes les inventions des romans d e Jules Verne correspondent à des technologies valables.
Cela n'a guère
d'importance.
Mais pour nous autres, physiciens d e l'atome et du noyau, nous qui travaillons à l'extrême pointe d e la science, nous
devons bien avouer que nous ne pouvions guère imaginer valablement les utilisations de l'énergie atomique avant le moment de leur
apparition : Lord Rutherford, qui a tant contribué au développement de cette physique, lui qui a découvert les premières transmutations
artificielles nucléaires, a dirigé le plus grand laboratoire nucléaire du monde, ne croyait pas, en mourant en 1937, que les applications
industrielles de l'énergie atomique pourraient se développer dans un proche avenir.
Nous s o m m e s là devant un problème curieux.
On peut imaginer n'importe quoi, d'autant plus facilement que l'on est plus loin d e la
réalité, mais alors c'est de la fiction sans valeur.
Ceux qui sont les plus proches de cette réalité, qui connaissent les difficultés, les délais
d'exécution, imaginent presque toujours trop pauvrement et trop lentement.
Jules Verne se plaçait au milieu, au bon endroit : c'est ce qui
fait la valeur de ses ouvrages.
Mais peut-être aussi est-ce pour nous les anciens, que Jules Verne est le plus grand.
Ceux qui sont nés avec les spoutniks n'ont pas eu
besoin d'en rêver : le spoutnik fait partie intégrante de leur existence matérielle ; mais nous, nous avons lu Jules Verne étant enfants,
avant qu'une possibilité quelconque s'offrît pratiquement pour aller sur la lune ou pour traverser les régions polaires sous les glaces.
Nous
avons rêvé, enfants, puis nous avons grandi, entourés d'un extraordinaire feu d'artifice d e découvertes, puis nous avons assisté,
émerveillés, presque décontenancés, aux premières prouesses des sous-marins atomiques, aux premiers impacts sur la lune.
C'est pour
cela que Jules Verne est grand pour nous.
Mais toutes les possibilités nouvelles offertes à l'homme se développent actuellement dans le contexte des grandes sociétés humaines,
alors que chez Jules Verne elles étaient faites pour le surhomme qui, épris de liberté et de grandeur, voulait précisément leur échapper.
Nous sommes loin du Capitaine Nemo !.
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