La biographie et l'autobiographie sont-elles des monuments érigés à la gloire de quelqu'un ?
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«
A votre avis, les oeuvres biographiques et autobiographiques sont-elles de toute manière des monuments
érigés à la gloire de quelqu'un ?
Analyse du sujet et problématisation :
Le sujet joint un examen d'œuvres biographiques et autobiographiques en leur présupposant une finalité commune :
être des « monuments érigés à la gloire de quelqu'un ».
Avant d'analyser plus précisément cette expression,
donnons, en guise de préalable une définition des deux genres que sont autobiographie et biographie.
Une biographie, du grec ancien bios, « la vie » et graphein, « écrire », est un écrit qui a pour objet l'histoire
d'une vie particulière Une biographie développe une analyse complexe de la personnalité, incluant des détails
intimes, des expériences et les émotions ressenties envers les événements afin de faire émerger l'identité de la
personne dont on fait la biographie.
Par autobiographie, on entendra un récit dans lequel une personne raconte sa propre vie.
Dans Le Pacte
autobiographique, Philippe Lejeune la définit comme un « récit rétrospectif en prose qu'une personne réelle fait de sa
propre existence, lorsqu'elle met l'accent sur sa vie individuelle, en particulier sur l'histoire de sa personnalité.»
La seule différence ( et elle est tout de même de taille !) entre autobiographie et biographie consiste donc dans la
personne de l'auteur.
Dans une biographie l'auteur est sinon extérieur aux évènements, du moins non identifiable au
personnage alors que dans une autobiographie on observe une identité du personnage et de l'auteur.
L'expression « monuments érigés à la gloire de quelqu'un » est riche de sens : elle invite à ne considérer qu'une
seule finalité de l'autobiographie et de la biographie est de faire l'éloge du personnage et donc à verser dans le
panégyrique, dans le genre encomiastique.
Il s'agit donc d'un parti pris tranché.
Par ailleurs, le terme « monuments »
est intéressant dans le sens où il fait de la biographie et de l'autobiographie des genres permettant une certaine
stabilité, une certaine pérennité du personnage : écrire sur soi ou sur quelqu'un d'autre c'est nécessairement, en
quelque sorte, l'immortaliser.
Problématique : La finalité de toute biographie ou autobiographie est-elle encomiastique ? Ces genres
visent-ils nécessairement à faire l'éloge de la personne dont ils racontent l'existence ?
I) Autobiographie et biographie : des genres encomiastiques ( = de l'éloge)
1)
La biographie ou l'éloge de l'autre
La composition d'une biographie répond certes à un besoin de connaître le passé mais s'avère toujours jointe à une
action de jugement.
Liée par ses origines à l'épitaphe et à l'éloge funèbre, la biographie a d'abord pris la voie de la
vie des grands hommes(cf.
Les Vies Parallèles de Plutarque ou La Vie des douze Césars de Suétone).
Dans ces
« vies des grands hommes » à l'ancienne, le récit se stylisait en exemples donnés à admirer et porteurs de la leçon
morale
2)
La glorification de soi dans l'autobiographie
La tentation est grande, pour tout autobiographe, de proposer une image de soi la plus flatteuse possible et
de s'ériger en modèle, en flattant sa propre gloire.
C'est souvent lorsque l'écriture autobiographique est subordonnée
à une entreprise de justification de soi, de ses actes, que l'autobiographe tend à présenter un portrait mélioratif,
glorifié de sa personne et de son existence.
Ex : Rousseau, Les Confessions : Rousseau se disculpe par l'aveu de ses fautes ( ce qu'il annonce dans la
préface) mais son récit devient souvent dès lors une apologie où il se persuade lui-même de sa bonne foi.
II) Autobiographie et biographie n'impliquent pas nécessairement une glorification du personnage
1)
Une volonté d'authenticité
Une des exigences du « pacte autobiographique » est le principe de sincérité auquel répond, dans la biographie
la nécessité de l'impartialité.
Autobiographie et biographie, loin d'œuvre à une glorification du personnage cherchent
donc à transmettre la réalité d'une existence et font ainsi preuve d'une volonté d'authenticité qui implique la mise en
avant, parfois, de la médiocrité d'un personnage.
Ex :
Le préambule des Confessions de Rousseau dans lequel celui-ci fait serment de sincérité : « Je me suis
montré tel que je fus, méprisable et vil quand je l'ai été, bon, généreux, sublime, quand je l'ai été: j'ai dévoilé.
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