LA FAUSSE MORT D’ARGAN : III,12 (Explication linéaire)

« LA FAUSSE MORT D’ARGAN : III,12 (Explication linéaire) Introduction La pièce met en scène trois situations amoureuses contrastées :    L’amour sincère entre Angélique et Cléante Le mariage arrangé entre Angélique et Thomas L’union intéressée et hypocrite de Béline et Argan Cette scène 5 de l’acte XII signe la défaite de l’amour intéressé et prépare la victoire de celui sincère entre les jeunes amoureux.

En effet, Béline est piégée par son mari qui feint la mort et par la servante complice qui feint de pleurer la disparition de son maître. A tour de rôle, chacun des trois personnages domine la scène.

La composition de l’extrait suit ces trois mouvements : - L.1 à 11 : Numéro de Toinette qui fait croire à la mort de son maître L.12 à 26 : Joie de Béline qui se montre sincère et qui fait part de ses projets malhonnêtes L.

27 : Résurrection d’Argan qui met un terme à la comédie En quoi le spectacle de la fausse mort d’Argan permet-il à la vérité d’éclater et révèle-t-il plus généralement le pouvoir du théâtre ? I) L’ANNONCE DE LA MORT D’ARGAN (1 à 11) C’est Toinette le personnage principal de ce début de scène, elle joue la comédie et fait de Béline la spectatrice de son jeu.

Argan, quant à lui, joue au mort.

Le public est le spectateur omniscient de cette supercherie. A) Toinette attire l’attention de Béline (1 à 4) La servante jour l’affolement comme le montre la succession des trois exclamations.

(citer) Ce sont des phrases non verbales, elle ne semble plus capable de formuler une phrase construite.

Les termes tragiques « Dieu, accident, malheur » se rapportent à la fatalité, ils évoquent implicitement la mort et servent d’appât pour attirer Béline.

L’énonciation n’est plus double mais triple : elle s’adresse à Béline, indirectement à Argan qui écoute, et elle entendue du public. L’épouse semble surprise, curieuse, elle interroge Toinette à deux reprises pour en savoir davantage.

Toinette continue de se lamenter et retarde l’annonce de la fausse mort pour susciter encore plus la curiosité de l’épouse. B) Toinette annonce la mort de son maître (5 à 11) Les stichomythies (répliques courtes) se poursuivent.

Toinette annonce la mort de façon brutale, en quatre mots seulement et elle ne prend aucune précaution oratoire pour atténuer le sens de ses propos.

Elle reprend d’ailleurs la même idée de façon maladroite avec un pléonasme qui fait sourire : « le défunt est trépassé ». Béline est surprise et elle continue à s’exprimer uniquement à l’aide d’interrogations pour s’assurer de la véracité de l’information.

Le public est en attente, elle ne semble pas croire aux déclarations de Toinette et on ne sait pas si la mise en scène va marcher. Après avoir joué sur l’émotion, la servante tente de convaincre l’épouse avec des arguments : elle a assisté en personne à sa mort (il vient de passer = mourir entre mes bras).

Le numéro d’acteur d’Argan doit être la preuve finale, c’est pourquoi elle l’invite directement à regarder Argan en usant d’une adresse (« tenez »), d’un présentatif (« le voilà ») et d’un démonstratif (« cette chaise »).

En voyant son mari inerte, elle va être convaincue. II) LA REACTION DE BÉLINE (12 à 26) C’est à présent Béline qui domine la scène, ses répliques sont beaucoup plus développées et elle tombe dans le piège qu’on lui a tendu, ce qui contribue au comique de situation.

Sa réaction se fait en trois temps : elle exprime sa joie, puis sa rancœur vis-à-vis d’Argan et enfin elle fait part de ses projets malhonnêtes. A) La joie de Béline (12 à 14) Face au jeu mensonger de Toinette et d’Argan, Béline se met à être sincère.

Les rôles s’inversent, ce sont les autres qui cachent leurs intentions et c’est elle à présent qui les révèle.

Sa réaction est choquante, elle s’oppose complétement à ce qu’elle disait devant le notaire à la fin de l’acte I : elle se réjouit de la mort de son mari et remercie Dieu.

Avec une métaphore révélatrice, elle assimile son mariage à un « fardeau » (lourd poids à porter sur le dos) et elle se moque de la tristesse de Toinette. La réponse de la servante est sobre, elle justifie sa tristesse comme un devoir moral.

Son jeu de comédienne est irréprochable et il va inciter l’épouse à dire du mal de son mari. B) Un portrait satirique d’une rare cruauté (15-20) Elle se lance alors dans un réquisitoire contre Argan pour prouver à Toinette qu’elle a tort d’être triste,.... »