La Fontaine: Les longs ouvrages me font peur, Loin d'épuiser une matière, Il n'en faut prendre que la fleur. qu'en pensez-vous ?
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«
La Fontaine: Les longs ouvrages me font peur, Loin d'épuiser une matière, Il n'en faut prendre que la fleur.
Qu'en pensez-vous ?
I.
Aux ouvrages de longue haleine, il préfère les petits poèmes.
1.
La fable est bien le genre qui lui convenait : « Diversité est sa devise.
» Ce genre lui permet d'adopter
successivement et sans s'y attarder, tous les tons : telle fable est un drame ou une comédie, telle autre un
fragment d'épopée ou une élégie, etc.
Toutes sont parfaites en leur genre, parce que toutes donnent l'impression de
quelque chose de fini, d'achevé, à quoi on ne saurait rien souhaiter.
De plus, poète éminemment « personnel », il
peut, dans la fable, plus que dans tout autre genre, se révéler tout entier, nous faire des confidences, nous dire ses
joies, ses voeux, ses regrets.
2.
Comme pour ses contemporains, la règle suprême, la règle de toutes les règles, c'est de plaire.
Or, comment
plaire quand on s'ennuie soi-même ? Il se sentait peu fait pour le genre sérieux.
Son poème sur la captivité de SaintMarc est un vrai pensum.
Ses comédies sont légères, spirituelles, gracieuses, mais sans profondeur.
Il ne sait pas
animer des personnages distincts de lui.
Son roman, Psyché, est plein de charmes, mais, sans doute, il n'aurait eu ni
le souffle ni le courage nécessaires pour composer en vers une oeuvre aussi longue.
II.
C'est, d'ailleurs, chez lui, un principe.
« Loin d'épuiser une matière,...
» Quelque matière qu'il traite, il
n'en prend que la fleur.
On trouve chez lui cette élégante brièveté qu'il loue dans Phèdre et qui consiste à
dire tout ce qu'il faut et rien que ce qu'il faut.
1.
Soit qu'il peigne l'extérieur des animaux, soit qu'il décrive un paysage, quelques traits lui suffisent, quelquefois un
seul mot : {Le moindre cent qui d'aventure fait rider la face de Veau...
L'onde était transparente, ainsi qu'aux plus
beaux fours...
Le héron au long bec emmanché d'un long cou...
Un saint homme de chat, bien fourré, gros et gras).
Comparer avec Buffon.
2.
Même discrétion dans ses confidences.
Il sait les mots qui évoquent tout un état d'âme et qui font rêver :
Solitude où je trouve une douceur secrète.
(XI-4.) ...
Ai-je passé le temps d'aimer? (XI-2.) Comparer avec les
effusions sans fin des Romantiques.
3.
On trouve dans les fables la peinture complète de la société du temps, mais au lieu de procéder par tableaux ou
portraits comme La Bruyère, il use seulement de comparaisons ou d'allusions : Je suppose qu'un moine est toujours
charitable.
(VII-3).
De même pour les courtisans, les bourgeois, les médecins...
La satire, chez lui, est toujours
légère et malicieuse : c'est le serpent que je veux dire et non pas l'homme.
(V-16.)
On voit en quoi consiste cette méthode et comment il l'a appliquée.
L'art de La Fontaine est délicat, tout en
nuances; on peut le préférer non seulement à l'abondance stérile d'un Scudéry, mais à la magnificence orgueilleuse
des Romantiques..
»
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