La littérature permet-elle aux hommes de s'ouvrir au monde ?
Extrait du document
«
Analyse du sujet et problématisation :
Ce sujet porte sur la littérature en général.
Il importe donc de définir ce qu'on entend par « littérature » ; la
littérature peut être définie comme toute production de textes écrits à visée artistique et esthétique.
On prendra ici
littérature au sens plus concret d'œuvre littéraire.
Le sujet invite donc à mobiliser des références issues de tous les
genres littéraires.
L'expression « s'ouvrir au monde » peut revêtir diverses significations : on peut entendre ici une ouverture à
la vie sociale et politique, la littérature traitant de sujets d'actualité, ou, une ouverture d'esprit, une tolérance, ou
encore une ouverture à d'autre culture, par le biais de la littérature étrangère.
Cette ouverture au monde s'oppose à l'idée d'une littérature fermée, gratuite et centrée sur elle-même,
n'ayant pas finalement d'autre fin qu'elle-même.
Problématique : La littérature peut-elle être conçue comme un moyen d'ouverture aux autres et au
monde ? Ne tient-elle sa finalité qu'en dehors d'elle-même ?
I)
La littérature est une discipline qui trouve sa fin en elle-même
Il semble que la littérature ne pas être considérée comme un moyen, mais comme une fin en soi.
Elle apparaît
ainsi comme une discipline quelque peu fermée, repliée sur elle-même.
1)
Une discipline souvent centrée sur le sujet écrivant
La littérature est un moyen, pour l'écrivain, d'exprimer un point de vue personnel souvent centré sur sa
propre expérience.
L'écrivain se présente comme un explorateur de sentiments et avant tout de ses propres
sentiments.
L'œuvre littéraire est donc souvent centrée sur le sujet sur le sujet écrivant et fermée à ses
expériences et opinions personnelles.
Ex :
·
Le lyrisme hugolien très personnel dans « Demain dès l'aube »
·
Le genre autobiographique qui se présente comme un genre fermé, très peu ouvert au lecteur sinon
comme instance de jugement.
2)
La gratuité de la littérature
La littérature est une discipline gratuite qui ne vaut pas pour autre chose qu'elle-même et ne vise en rien à
produire un effet d'ouverture au monde sur l'homme.
L'écrivain peut donc légitimement viser une création purement
gratuite, désintéressée et centrée uniquement sur la recherche du Beau et sur l'exaltation de la puissance du Verbe
poétique.
La gratuité de l'art apparaît même comme une valeur en soi.
Ex : Les tenants de l'Art pour l'Art ; le groupe L'Oulipo.
3)
Les limites de cette finitude de la littérature : l'hermétisme
L'écrivain ne doit pas cependant s'enfermer dans sa tour d'ivoire, totalement coupé du monde et de la
société qui l'entoure.
Cette conception d'une littérature fermée ayant sa fin en elle-même et n'ayant pas pour
ambition et pour fonction de s'ouvrir et d'ouvrir ses lecteurs au monde, court le risque de l'hermétisme voire de
l'illisibilité.
Cf.
hermétisme mallarméen, illisibilité de certains romans de Beckett complètement coupés de la réalité du
monde ( L'innommable, œuvre constitué d'un long monologue)
II)
La littérature : un moyen efficace d'ouverture
1)
Une ouverture à la vie socio-politique
Les écrivains prennent souvent pour sujet la société qui les entourent et ouvrent ainsi leur lecteurs à des
débats socio-politiques contemporains en leur proposant leur point de vue.
Les écrivains pointent souvent les
problèmes de la société dans laquelle ils vivent et incitent ainsi leurs lecteurs à exercer leur esprit critique en leur
ouvrant les yeux sur certains disfonctionnements politiques et sociaux.
Ex :
·
·
·
La critique sociale des rapports inégalitaires entre Maîtres et Esclaves dans le théâtre
de Marivaux (cf.
L'Ile des Esclaves)
La critique politique de la poésie hugolienne (cf.
Les Châtiments)
La littérature du siècle des Lumières mêlant dénonciation sociale et dénonciation
politique ( cf.
Encyclopédie, Contes philosophiques de Voltaire, Lettres Persanes de Montesquieu).
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