La pensée philosophique de Victor HUGO
Extrait du document
«
LE GÉNIE DE VICTOR HUGO
A La personnalité.
Équilibre, orgueil et générosité apparaissent comme les traits essentiels de la physionomie
morale de Victor Hugo.
L'ÉQUILIBRE.
Victor Hugo n'a rien d'un inadapté ni d'un névrosé; il possède au contraire un équilibre qui lui
permit toujours de faire face aux nécessités communes de l'existence.
Il jouissait d'une santé
robuste; sexagénaire, à Guernesey, il partait, seul, hiver comme été, pour d'interminables
promenades; il se délassait de ses travaux littéraires par des exercices manuels et meubla de
ses créations les pièces d'Hauteville-House; il conserva toujours un appétit qui faisait
l'étonnement de ses commensaux.
Il savait appliquer la lucidité de son vigoureux esprit à la
gestion de ses intérêts matériels.
Il aimait la vie de famille; et ce ne fut pas tout à fait sa
faute, ne put satisfaire pleinement son goût; il fut un père excellent, sinon un époux modèle.
Dans ses rapports avec ses contemporains, il se montrait sociable; sa conversation était
charmante et son amitié chaleureuse.
L'ORGUEIL
Cet équilibre ne se situe pas toutefois au niveau de l'humanité moyenne ; Hugo a pleinement conscience de sa
supériorité.
Il n'hésite pas à se comparer au mont Blanc, qui protège et dépasse tous les sommets environnants, ou
à Atlas, qui soulève un monde.
Tout jeune, il s'impose comme chef d'école et il exerce une autorité souvent pesante
sur ses camarades romantiques; proscrit, il adopte une attitude hautaine et farouche.
Il recherche les honneurs, il
est assoiffé de popularité; il se croit un « flambeau », un interprète de Dieu sur terre.
Dans l'ivresse de sa toutepuissance, il se fait fort de traverser les espaces et de percer le mystère de l'infini •
J'irai lire la grande Bible;
Jusqu'aux portes visionnaires
J'entrerai nu Du ciel sacré;
Jusqu'au tabernacle terrible
Et si vous aboyez, tonnerres,
De l'inconnu...
Je rugirai.
(Les Contemplations : Ibo)
LA GÉNÉROSITÉ
Cet orgueil démesuré et naïf à la fois s'associe à une générosité naturelle.
On pourrait dire, en lui empruntant le
titre d'un de ses poèmes, que chez Hugo « Puissance égale Bonté ».
Sans doute y a-t-il à l'origine de son amour
pour les enfants et de sa pitié pour les humbles l'orgueil du fort qui protège le faible et le désir assez égoïste de se
faire aimer.
Il n'en reste pas moins que Hugo a possédé un don de sympathie universelle.
Sa mission sociale l'a
amené à se pencher sur les grands problèmes humains : il a espéré qu'on pouvait supprimer la misère, relever
moralement et intellectuellement l'humanité, réconcilier les classes et les nations.
Si, parmi tous nos poètes, il est
resté le plus populaire, c'est en partie parce qu'il a traduit les espoirs et les illusions dont le peuple a besoin.
B La pensée philosophique
Hugo, à Jersey, interrogeait les tables tournantes et vaticinait face à l'Océan.
Son assurance de prophète et ses
expériences de spirite ont été cruellement raillées.
Sa réflexion, pourtant, fut cohérente; des études récentes l'ont,
dans une certaine mesure, réhabilitée.
LE SYSTÈME MÉTAPHYSIQUE.
La philosophie de Hugo est exprimée dans.
de nombreux poèmes composés pour la plupart en exil, notamment
dans Ce que dit la Bouche d'ombre, à la fin des Contemplations.
Elle a pour point de départ une méditation sur
l'existence du Mal, dont il s'agit de justifier la nécessité métaphysique.
Selon Hugo, Dieu a dû créer le monde
imparfait; faute de quoi les créatures n'auraient pas été distinctes de lui.
Le principe de toute imperfection est la
matière.
Entraînés par leur poids dans une chute inévitable, les êtres tombent des hauteurs célestes.
Ils ne
sombrent pas tous : les uns, vivifiés par le souffle divin, se maintiennent dans les régions éthérées, tandis que
d'autres descendent jusqu'au fond de l'abîme :
Selon que l'âme, aimante, humble, bonne, sereine, Aspire à la lumière et tend vers l'idéal,.
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