La pensée philosophique du 18 ième siècle.
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La pensée philosophique du 18 ième siècle
Si importante que soit l'Encyclopédie, l'activité des philosophes déborde cette grande oeuvre.
En marge de
l'Encyclopédie, ils ont laissé des écrits de moindre envergure, où se précisent certains aspects de leur pensée.
Ni l'Encyclopédie, ni les oeuvres de Voltaire ou de Rousseau ne contiennent une théorie d'ensemble expliquant
l'univers et la place de l'homme dans cet univers.
Mais certains de leurs contemporains ont cherché cette
explication.
Condillac, adversaire de la thèse cartésienne, selon laquelle les facultés de l'esprit sont innées,
reprend en le développant le sensualisme de Locke.
Dans son Traité des sensations, il montre que toutes les
formes de la pensée individuelle et sociale dérivent de l'expérience des sens.
Sur cette doctrine d'une
importance capitale, Helvétius et d'Holbach fondent une philosophie matérialiste.
Dans son livre De l'esprit,
Helvétius nie l'existence de l'esprit en tant que substance et s'efforce de définir une morale de l'intérêt.
Il
prétend n'avoir pas voulu s'en prendre au christianisme, mais son livre posthume De l'homme contredit cette
affirmation.
Le baron d'Holbach, riche protecteur des encyclopédistes, dont certains se réunissaient
assidûment chez lui, formant ce que Rousseau appelle avec dédain « la coterie holbachique », est un
philosophe franchement athée.
Il n'admet pas l'immortalité de l'âme, considère la sensibilité comme une
propriété de la matière et, dans l'agencement de l'univers, il ne voit pas de place pour Dieu.
S'il a pu être
considéré en son temps comme le principal représentant de la pensée matérialiste, c'est que Diderot, dont les
idées sont encore plus hardies, attachait peu d'importance à ses propres ouvrages philosophiques et ne prit
même pas la peine de les publier.
La pensée politique hésite entre deux méthodes : raisonner sur les faits, comme Montesquieu dans L'Esprit des
lois, raisonner sur des notions abstraites comme J.J.
Rousseau dans Le Contrat social.
Les deux méthodes sont
employées indifféremment par Mably et par l'abbé Raynal.
Mais aucune conclusion pratique ne ressort des
écrits de ces deux penseurs.
Mably, fortement impressionné par l'exemple de Sparte, rêve d'une république
austère, où le droit de propriété serait très limité Raynal déclame contre la tyrannie Ils se méfient l'un et l'autre
de la multitude.
Sous la Révolution, Raynal finira même par se ranger du côté de la réaction.
En fait, on se
borne à réclamer le respect des droits de l'individu, une justice mieux administrée.
Il est vrai que ces
améliorations sont très ardemment souhaitées.
Ce souhait s'exprime jusque dans la littérature d'imagination,
par exemple chez Marmontel, dont les deux principaux romans, Bélisaire et Les Incas, renferment, le premier un
éloge de la tolérance, le second un réquisitoire contre l'esclavage.
Plus que la politique, l'économie attire les esprits positifs.
Certains sont d'avis qu'il faut avant tout libérer le
commerce de ses entraves.
Cette thèse est soutenue par Gournay qui la résume en ces mots : « Laissez faire,
laissez passer.
» Quesnay, qui fut médecin de Louis XV, insiste davantage sur la nécessité de développer
l'agriculture.
Il est le maître des « physiocrates », groupe auquel appartiennent Parmentier, Mirabeau (le père de
l'orateur), Turgot.
Le programme que Turgot essaie d'appliquer comme intendant du Limousin, puis comme ministre
de Louis XVI, est celui des physiocrates.
Il tend à élever le niveau de vie par une meilleure répartition des impôts,
l'abolition de la corvée, l'aide aux indigents, une production agricole plus abondante, des voies de communication
plus nombreuses, la libre circulation des blés.
Il n'est pas certain que ces réformes auraient pu sauver le régime.
Elles attestent du moins l'existence d'un grand mouvement de philanthropie..
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