La poésie du XIXe
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D'un point de vue proprement littéraire, si l'on met à part l'oeuvre inclassable de Chateaubriand, les premières
années du xixe siècle apparaissent, dans l'ensemble, peu brillantes.
La poésie, académique et sans nerf, se dégage
mal des traditions surannées, malgré quelques tentatives qui laissent présager une renaissance prochaine.
Les
auteurs dramatiques s'enlisent dans les sentiers battus, à moins qu'ils n'adoptent les procédés faciles et vulgaires du
nouveau genre à la mode, le mélodrame.
Le roman se sauve grâce à quelques chefs-d'oeuvre d'analyse et
d'observation intérieure, dont l'éclat discret passe souvent inaperçu dans la foule des récits invraisemblables ou
insipides.
POÉSIE ÉPIQUE
L'extraordinaire fécondité du genre épique n'a d'égale que son uniforme médiocrité.
Parmi les
auteurs d'épopées, les uns reprennent les poncifs de Voltaire dans La Henriade; d'autres
s'inspirent maladroitement du Tasse ou d'Ossian; d'autres encore, tels Fabre d'Olivet et Creuzé
de Lesser, las des imitations stérilisantes, tentent d'exploiter les ressources du passé national
et remettent à la mode la poésie chevaleresque.
Un poète de tempérament original,
Népomucène Lemercier, pousse des tentatives dans tous les sens : épopée historique (Les
Ages français, 1803), scientifique (L'Atlantiade ou Théogonie newtonienne, 1812), symbolique
et satirique (La Panhypocrisiade ou Spectacle infernal du XVIe siècle, 1819); mais ses
hardiesses sont outrancières et souvent ridicules.
POÉSIE DIDACTIQUE
Les poèmes didactiques et descriptifs foisonnent aussi.
Delille continue à produire (Les Trois
Règnes de la nature, 1809); il suscite un prodigieux enthousiasme et fait école.
Tout devient
matière à description instructive : la navigation, l'astronomie, la botanique, la physique, la
chimie, la gastronomie.
On met en vers, à l'usage des écoliers, des grammaires et des
arithmétiques.
Seul, Chênedollé (1769-1833) échappe parfois à la pompe ennuyeuse qui semble
la loi du genre : ses Études poétiques (1820) peuvent encore plaire par leur grâce discrète;
mais le souffle est court et l'inspiration timide
POÉSIE ÉLÉGIAQUE
Le lyrisme élégiaque, dont les prétentions sont plus modestes, donne naissance à une poésie
plus spontanée, mais souvent molle et fade.
Le marquis de Fontanes, grand maître de
l'Université sous l'Empire, épanche sa mélancolie en stances élégantes et monotones (La
Chartreuse de Paris; Stances à M.
de Chateaubriand).
Millevoye (1782-1816), mieux doué, se
rend populaire, en 1812, par quelques-unes de ses élégies, comme Le Poète mourant et La
Chute des feuilles.
La profondeur du sentiment fait défaut à cet épicurien rêveur, mais, par le
choix de certains termes et par l'accent mélodieux du vers, il prélude au lyrisme lamartinien..
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