La prolifération de l'image due au progrès technique vous semble-t-elle nuire à la contemplation des oeuvres d'art ?
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Regarder un
tableau, une sculpture, un monument suppose une certaine forme de recueillement
propice à la méditation. Cette contemplation requiert également un certain temps
que l'image, trop fugace, ne préserve pas toujours. Enfin, elle demande un
effort de pensée et déjà une culture, c'est-à-dire un ensemble maîtrisé de
connaissances qui permet d'accéder non seulement à la vision mais aussi à la
compréhension des signes de l'oeuvre d'art. Or la prolifération des images
aboutit souvent à la négation de leur dimension symbolique et esthétique.
Doit-on pour autant considérer que, en toutes circonstances, l'image tue la
vision? Ne peut-elle au contraire l'éveiller, la transformer? Il faut se garder
des évaluations sommaires : pour qui sait voir, l'image peut être un
extraordinaire révélateur du monde sensible.
Le règne actuel des images semble nous écarter de l'art mais peut-être
n'assistons-nous qu'à un changement des modes par lesquels on accède à l'art. La
contemplation de l'oeuvre d'art, prise jadis essentiellement au sens
intellectuel, est réinvestie aujourd'hui d'une signification différente : elle
devient, par le canal des images, une approche sensible de la création. C'est ce
que René Huyghe, dans Dialogue avec le visible, répond à ceux qui condamnent la
« civilisation de l'image » parce qu'ils « méconnaissent les possibilités
qu'elle offre en contrepartie de ses dangers » :
« Rien n'empêchera la civilisation moderne de se plier aux exigences croissantes
de la vitesse et de la machine ; rien n'empêchera le primat de la sensation,
mieux adaptée aux conditions actuelles, de succéder à celui de l'idée, qui
lui-même succédait à celui des forces sensibles.
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