La réécriture est-elle un enrichissement ou un appauvrissement ?
Extrait du document
«
Analyse du sujet et problématisation
Ce sujet prend place dans l'objet d'étude des « réécritures » en littérature.
La réécriture en littérature c'est le fait de réécrire un texte en y apportant des modifications.
La notion de
réécriture est étudiée par Genette dans Palimpsestes : il crée pour nommer cette pratique d'écriture le terme
d'« hypertextualité » désignant « toute relation unissant un texte B ( qu'[il] appeller[a] hypertexte) à un texte
antérieur (qu'[il] appeler[a], bien sûr, hypotexte) sur lequel il se greffe d'une manière qui n'est pas celle du
commentaire ».
On peut donc utiliser le vocabulaire de Genette et notamment les termes d'hypertexte et
d'hypotexte dans le cadre d'un travail sur la réécriture.
Le terme « enrichissement » implique la possibilité de rendre, par la réécriture, une œuvre plus belle et plus
riche en y apportant quelque chose de nouveau.
Ce terme peut être employé dans un sens quantitatif et/ou
qualitatif.
Le terme « appauvrissement » présente, au contraire, la réécriture comme un processus de dépouillement
quantitatif ou qualitatif de l'hypotexte.
Dire que la réécriture appauvrit le texte peut signifier d'une part, qu'elle en
est une imitation imparfaite, mais d'autre part qu'elle le rend moins riche, moins noble.
L'appauvrissement peut donc
être voulu et non subi : c'est le cas dans les réécritures burlesques.
Problématique : La réécriture se présente-t-elle comme un processus d'innovation bénéfique
enrichissant l'hypotexte ou comme une entreprise de dégradation de ce dernier ?
I)
La réécriture : une dégradation plus ou moins volontaire de l'hypotexte
- Le processus de réécriture peut être considéré, à première vue, comme une entreprise de simple imitation
toujours vaine, car les copies n'arrivent jamais à la hauteur du modèle.
L'hypertexte peut donc être toujours assimilé
à un mauvais pastiche de l'hypotexte.
Cette conception, quelque peu naïve et vulgaire mais néanmoins réelle, du
processus de réécriture implique donc que cette pratique soit toujours celle d'écrivains « raté » qui peuvent être
comparés aux copieurs d'œuvres d'arts.
Ainsi le pastiche et la parodie sont-ils souvent considérés comme des
genres mineurs, de peu de valeur.
- Mais, cette dégradation, cet appauvrissement de l'hypotexte peuvent faire l'objet d'une volonté du
pasticheur.
C'est le cas des réécritures parodiques mettant en œuvre une dégradation burlesque du modèle à des
fins humoristiques, satiriques et divertissantes.
Ex : Scarron dans Le Virgile Travesti, réécrit de façon parodique l'Eneïde de Virgile en opérant un
travestissement burlesque.
Il recompose l'histoire d'Enée et des origines de Rome dans un registre différent, en
l'adaptant à la vie et aux mœurs de son temps.
Il choisit l'octosyllabes, plutôt que l'alexandrin, vers noble que
choisissent souvent les traducteurs.
Il fait preuve d'une grande désinvolture vis à vis des contraintes stylistiques en
utilisant un vocabulaire trivial ( ainsi le cheval de Troie devient-il un vulgaire « dada ») et multiplie les situations
scabreuses aboutissant ainsi à une démythification totale des actions et des personnages, tous ridiculisés.
Ainsi
l'épopée virgilienne est-elle appauvrie stylistiquement puisque le style sublime est rabaissé au burlesque, mais cet
appauvrissement est une volonté de l'auteur et se veut en adéquation avec les enjeux humoristiques de son texte.
II)
Mais la réécriture, apportant des modifications à l'hypotexte, se présente surtout
comme un enrichissement
Réécrire ce n'est pas seulement imiter, mais c'est apporter une nouveauté à l'hypotexte, lui apporter ce petit
plus auquel son créateur n'avait pas pensé.
- La réécriture peut enrichir une forme textuelle en en modifiant l'usage pour lui conférer de nouvelles
fonctions.
Dans le cas des Fables de La Fontaine, le fabuliste donne une nouvelle fonction aux fables à laquelle
Esope n'avait pas pensé : une fonction critique faisant de la fable un outil argumentatif puissant dans le combat
d'une idée et dans la critique d'une société.
Cette fonction critique fait désormais, depuis, la Fontaine, partie
intégrante de la définition de la fable.
La réécriture peut aussi avoir une fonction métatextuelle, permettant ainsi.
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