L'art moderne se gargarise-t-il de négations ?
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Introduction
- Comment définir l'art ? Une des premières idées qui vienne à l'esprit est qu'il nous apporte le plaisir positif de la
beauté ou de la distraction : statues ou tableaux dans les bâtiments et les appartements, poèmes harmonieux que
l'on a envie d'apprendre par cœur, films ou expositions qui occupent les moments de loisirs.
I.
Un art moderne fait de négations vaines
A.
Des négations perpétuelles
1.
Dans tous les domaines
- Critique politique et sociale.
Ex.
: dénonciation de la guerre dans A l'Ouest rien de nouveau de Erich Maria Remarque, La guerre de Troie n 'aura
pas lieu de Jean Giraudoux, Le Déserteur de Boris Vian...
Ex.
: dénonciation du régime politique, qu'il s'agisse des excès du communisme (L'Archipel du Goulag du Soviétique
Alexandre Soljenitsyne, La valse aux adieux du Tchèque Milan Kundera), ou des dictatures sud-américaines
(L'Automne du patriarche de G.
Garcia Marquez, Monsieur le Président de Miguel Angel Asturias) ; mise en cause du
capitalisme occidental (Germinal d'Emile Zola, Les Temps modernes de Charlie Chaplin) ; satire du colonialisme ancien
et moderne dans les poèmes de Tahar Ben Jelloun ou d'Aimé Césaire.
Ex.
: Les Assis de Rimbaud, Les Bourgeois de Jacques Brel, Je suis snob de Boris Vian stigmatisent la médiocrité des
nantis.
- Critique esthétique.
Ex.
: remise en cause des règles poétiques classiques par Apollinaire et les Surréalistes, qui abandonnent la rime, les
formes fixes.
Ex.
: remise en cause de la conception traditionnelle de l'histoire du roman par Nathalie Sarraute, Michel Butor, Alain
Robbe-Grillet et leur mouvement du « Nouveau Roman ».
Ex.
: déstructuration du corps humain et des objets dans les tableaux de Pablo Picasso, Francis Bacon.
- Critique de toutes les valeurs humaines.
Ex.
: la religion (Surréalistes, Ulysse de James Joyce, Paroles de J.
Prévert), l'amour (Belle du Seigneur d'Albert
Cohen montre les limites de l'amour fou).
Ex.
: les mouvements dits de l'Absurde (L'Étranger d'Albert Camus), de l'existentialisme (La Nausée de J.-P.
Sartre),
les pièces de Samuel Beckett comme En attendant Godot montrent des personnages sans but, sans désirs, sans
valeurs.
2.
Les négations sont présentes dans toutes les formes d'art.
Les exemples qui précèdent montrent que la peinture, la littérature poétique, d'idées, romanesque, la chanson, le
cinéma et le théâtre sont concernés.
La musique aussi se construit au XXE siècle sur l'abandon de la mélodie ou des
instruments : musique aléatoire de Karl Heinz Stockhausen qui introduit le hasard dans la composition ou
l'interprétation, musique atonale, musique concrète qui emploie des objets Sonores de toute provenance.
B.
Des négations improductives
- Les artistes cherchent un absolu dans des expériences extrêmes condamnées par la société, comme l'alcool, les
drogues, la folie, les amours étranges (Les Fleurs du Mal de Baudelaire, Une Saison en Enfer de Rimbaud, Les Chants
de Maldoror de Lautréamont), ou dans la recherche d'un art parfait inaccessible au vulgaire (L'Art pour l'Art,
Mallarmé).
Isolés du public populaire et des classes moyennes, ils ne touchent qu'un public restreint, aussi « maudit
» ou élitiste que les auteurs.
On pourrait condamner ce défaut également chez les romanciers du Nouveau Roman, dont les ouvrages sans
personnages vraiment identifiables ni véritable histoire ne plaisent qu'à un public rare.
- Les surréalistes réagissent par la négation de tout après le choc des horreurs de la Première Guerre mondiale, mais
n'apportent pas de solution.
Leur goût de la provocation les conduit à présenter une cuvette de W.-C.
dans les
expositions comme une œuvre d'art magistrale, mais ce refus de tout art lasse vite.
- Après la Seconde Guerre mondiale, les œuvres pessimistes de J.-P.
Sartre, comme autrefois René de
Chateaubriand, ont provoqué une vague de suicides dans la jeunesse.
L'exemple est extrême, mais significatif.
Le
véritable but des écrivains est-il de désespérer le lecteur ?
- La négation devient parfois une mode d'intellectuels se voulant raffinés : romans où il ne se passe rien, où l'on ne
comprend rien, tableaux composés d'un carré blanc ou noir, mises en scène théâtrales où les acteurs crient et
gesticulent, etc.
Seul le souci de choquer domine.
II.
Un jugement trop péremptoire : la négation stérile ne constitue pas l'essentiel de l'art moderne
A.
Les artistes agissent
1.
L'engagement politique
Ex.
: Emile Zola lutte contre l'antisémitisme et l'injustice par la publication de son article J'accuse lors de l'Affaire
Dreyfus.
Ses romans L'Assommoir ou Germinal montrent la nécessité d'une société plus attentive aux pauvres et aux
ouvriers..
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