Le Barbier de Séville, acte 13, scène II (Beaumarchais)
Extrait du document
«
Nous nous proposons d'étudier la scène 13 de l'acte II du Barbier de Séville de Beaumarchais.
Aidés
par Figaro, Rosine et le Comte Almaviva entreprennent de correspondre.
Figaro, ayant écouté une
conversation entre Bazile et le Docteur Bartholo, apprend que ce dernier désire épouser Rosine dans l'imminence,
ayant apprit par Bazile que le Comte Almaviva, qui est un rival plutôt dangereux, se trouve à Séville et use de la
ruse pour tenter d'approcher sa pupille dans se faire connaître.
Figaro s'empresse donc de prévenir la jeune fille de
ce mariage.
Bartholo, de retour, interroge Rosine afin de lui faire avouer qu'elle a précédemment écrit une lettre.
Rosine tente de mentir mais attise la jalousie du Dicteur Bartholo qui n'est pas dupe.
C'est alors que le Comte,
déguisé en cavalier et simulant l'ivresse, d'après les conseils de Figaro, fait une entrée agitée et retentissante.
Il
effectue d'impertinentes plaisanteries d'ivrogne tout en tentant, mais en vain, de transmettre une lettre à Rosine,
que Bartholo méfiant, renvoie alors dans sa chambre.
Ce passage est important car c'est la première fois que Bartholo et le Comte Almaviva (ayant la volonté d'endormir
tout soupçon afin d'être hébergé) se retrouvent seuls, face à face.
Les deux personnages se rencontrent pour la
première fois, bien que le Docteur Bartholo ait précédemment entendu parler de lui, et que Figaro ait donné au
Comte Almaviva un portrait physique et moral du Docteur.
On retrouve donc deux personnages : le Docteur Bartholo
et le Comte simulant le cavalier ivre afin de ne pas être reconnu.
Cette scène ne semble à première vue, ne pas présenter de structure rigoureuse, elle repose au début sur une sorte
de dialogue décalé, ou dialogue de sourd qui rebondit comme le décide Beaumarchais, combinant répliques comiques
et traits de satire et critiques sociales, avec notamment comme thème récurent, celui de la médecine.
Nous sommes face à un premier mouvement : « oh je vous ai reconnu … saugrenue » qui est un premier face à face
caractérisé par la méfiance de Bartholo à l'égard du prétendu soldat ivre qui dresse une première caricature de
Docteur.
Puis le second mouvement : « oh ! … vous qui l'avez dit » est caractérisé par une critique ouverte de la médecine et
des médecins par différents procédés que nous étudierons avec notamment la comparaison entre un docteur et un
maréchal.
Enfin, la scène se termine par un dernier mouvement : « qui diable … voyez pas ? » qui se distingue, nous le verrons
par une double énonciation.
Nous pouvons dès à présent proposer la problématique suivante : Par quels procédés,
Beaumarchais critique t-il, au-travers de Bartholo, l'incompétence de la médecine et le pédantisme des médecins de
son temps qu'il considérait comme des charlatans ?
Dans un premier mouvement, nous avons un face à face, caractérisé par la méfiance du Docteur Bartholo et une
caricature du Docteur.
Tout d'abord, c'est le Comte Almaviva, feignant d'être un soldat ivre, qui ouvre le dialogue :
Le Comte _ « oh ! Je vous ai reconnu d'abord à votre signalement ».
Le signalement est la description physique d'une personne, comme un portrait-robot.
Il y a un vocabulaire militaire
et policier.
Le Comte prétend donc reconnaître le Docteur à son apparence.
Le « oh » exclamatif permet au lecteur
de comprendre que le ton du Comte est vif, ce qui crée un effet comique dès la première réplique.
Bartholo, lui, ne
se préoccupe pas immédiatement de cette réplique :
Bartholo, au Comte, qui serre la lettre_ « Qu'est ce que c'est donc, que vous cachez-là dans votre poche ? »
Le tuteur s'inquiète donc d'emblée de cette lettre (outil classique).
Le docteur, Bartholo ne prend pas la peine de se
présenter, il s'occupe uniquement de son intérêt : la lettre.
Il s'agit déjà d'une preuve de l'égocentrisme de ce
personnage.
Le Comte provoque alors Bartholo par une réplique insolente :
Le Comte_ « Je le cache dans ma poche pour que vous ne sachiez pas ce que c'est »
Le Comte répète les derniers mots du Docteur, ce qui tourne quelque peu ce dernier en ridicule.
Contrairement à
toute attente, Bartholo n'en demande pas plus et réciproquement reprend à son tour un terme employé par le
Compte : « signalement ».
Bartholo_ « Mon signalement ? Ces gens-là croient toujours parler à des soldats ».
En utilisant la troisième personne du pluriel, Bartholo généralise et se croit supérieur au Comte déguisé en soldat ivre
en parlant comme s'il n'était pas présenté sur la scène.
Serait-ce une réplique adressée au public, pour gagner sa
complicité ?
Etant médecin, sur de lui et de son intelligence, il accable et méprise les soldats.
Cependant, le Comte compte bien
reprendre le dessus en dressant une caricature du Docteur Bartholo.
Il y a une joute oratoire.
Il débute par une
réplique provocante du Comte :
Le Comte _ « Pensez-vous que se soit une chose si difficile à faire que votre signalement ? ».
On pourra presque parler d'anaphore sur ce terme de « signalement ».
Le Comte remet en question les prétentions.
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