Le comique n'a-t-il qu'une fonction de divertissement ?
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«
PLAN ADOPTÉ DANS LE DEVOIR
I.
Le comique comme divertissement
- La permanence du comique comme divertissement dans l'art
- Ses différentes formes
II.
Le comique comme redresseur de torts
- Le comique au service des moralistes
- Le comique au service de la subversion
III.
Le comique comme moyen d'affronter la vie et la mort
- L'humour
- L'absurde
DEVOIR RÉDIGÉ
La fonction la plus évidente du comique dans les œuvres d'art est de divertir, distraire le public.
Divertere,
distrahere signifient en latin « détourner » : l'art de l'acteur ou de l'auteur comique consiste à nous emmener loin de
nos soucis, grâce à la force libératrice du rire.
Le succès des comédies, au théâtre comme au cinéma, s'explique
ainsi.
Raymond Devos dit un jour : « On ne peut pas faire de bon comique sans philosopher un peu.
» Selon lui, le rire ne
se limite pas à permettre une évasion temporaire ; il nous ramène au contraire à la vie réelle, nous fait méditer sur
notre sort et nos semblables.
Les œuvres concilient-elles ces fonctions, a priori contradictoires ? L'analyse des comédies, des caricatures, des
parodies montre que, si la volonté de divertir est le plus souvent présente chez les artistes, elle reste rarement
gratuite, et se double en général d'un enseignement moral ou d'une réflexion sur la condition humaine.
Le divertissement est indispensable à l'homme: ce plaisir permet d'oublier les aspects négatifs de la vie.
Or,
remarque Molière dans La Critique de l'École des femmes, « c'est une étrange entreprise que de faire rire les
honnêtes gens ».
Des artistes passent maîtres dans cet art difficile et se spécialisent même selon le public : V.
Hugo observe dans L'Homme qui rit que « Le peuple a besoin de rire ; les rois aussi ».
Ainsi au XVIIe siècle la farce,
par son comique grossier composé de coups de bâton ou d'allusions grivoises, s'adresse aux basses couches de la
société, tandis que la comédie de mœurs intéresse davantage les bourgeois et la cour.
Molière cependant trouvera
un égal succès devant ses spectateurs grâce aux Fourberies de Scapin ou aux Femmes savantes.
Ce besoin de rire, auquel répondent les artistes, est constant dans l'histoire, quelles que soient les civilisations, et
donc dans l'art.
Des genres consacrés à cette fonction se forment, parfois disparaissent, le plus souvent perdurent.
La comédie naît avec le théâtre durant l'Antiquité grecque, la satire s'y ajoute chez les Romains avec Horace ou
Juvénal, la farce et les fabliaux distraient les populations du Moyen Age.
La caricature, les chansons satiriques
traversent les siècles.
Lorsqu'un nouvel art apparaît, des créateurs s'en emparent pour distraire leurs
contemporains: l'un des premiers films de Louis Lumière, L'Arroseur arrosé, reprend un procédé comique vieux comme
le monde, celui du méchant puni par où il a péché, comme dans La farce du cuvier ou La farce de Maître Pathelin.
Les comédies musicales, des acteurs metteurs en scène comme Charlie Chaplin, Jacques Tati, Woody Allen suivent
ces traces.
Des artistes qui ne se consacrent pas au comique lui donnent pourtant une place dans leurs œuvres, toujours pour
distraire le public.
Déjà les « mystères » du Moyen Age, qui mettaient en scène la vie du Christ ou des saints devant
les églises, et qui pouvaient durer des heures ou des jours, ménageaient des intermèdes plaisants pour atténuer la
tension provoquée par le sérieux ou le tragique de leurs récits.
Ainsi naquirent les « farces », détachées ensuite de
ce contexte pour devenir des œuvres à part entière.
De même, des films policiers ou d'aventures, comme Le Grand
Sommeil d'Howard Hawks ou Indiana Jones de Steven Spielberg, prévoient des moments de détente ou des dialogues
humoristiques pour ajouter le charme du rire à celui du genre cinématographique choisi.
« Ceux qui savent pourquoi cette espèce de joie qui excite le ris retire vers les oreilles le muscle zigomatique, l'un
des treize muscles de la bouche, sont bien savants », note Voltaire dans son Dictionnaire philosophique.
La difficulté
augmente du fait que les origines du comique sont très variées.
Selon H.
Bergson dans Le Rire, « il faut distinguer le
comique que le langage exprime et celui que le langage crée ».
On peut ainsi distinguer le comique de situation, par
exemple les quiproquos* dus aux aventures des jumeaux ou des sosies, dans La comédie des erreurs de W.
Shakespeare, Amphitryon de Molière ou le film Les Jumeaux joué par P.
Richard, et le comique du langage dans les
sketches de R.
Devos ou Un mot pour un autre de J.
Tardieu.
Comme l'art en général, le comique dans les œuvres a
la vertu de nous affranchir de la vie quotidienne ou même des lois de la nature : retour vers l'innocence ou
l'insolence enfantine avec Zazie dans le métro de R.
Queneau, rire né de la fantaisie dans les dessins animés où le
héros tombe d'une falaise puis rebondit, plaisir des tours de magie réussis ou ratés dans Merlin l'enchanteur de Walt
Disney, situations cocasses nées de la faculté de transformation de Woody Allen dans Zélig.
Le divertissement n'est cependant pas la seule fonction du comique dans les œuvres.
Pour Molière, dans
L'Impromptu de Versailles, « l'affaire de la comédie est de présenter en général tous les défauts des hommes », pour
instruire en distrayant.
Les moralistes en effet utilisent notre faculté de nous moquer des vices d'autrui pour nous donner des leçons de
morale plus efficaces : quand nous rions des ridicules de l'avare de Molière, nous le condamnons implicitement, et.
»
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