LE LANGAGE POÉTIQUE DE RIMBAUD
Extrait du document
«
RIMBAUD (1854-1891)
Né à Charleville, ARTHUR RIMBAUD y passe son enfance et son adolescence.
En l'absence de son père, qui a quitté
le foyer, il est élevé par sa mère, une femme autoritaire, d'une piété rigide.
Ses dons font l'admiration de ses
maîtres.
Virtuose en vers latins, il écrit aussi des vers français qu'il publie dans des revues locales.
La guerre de 1870 développe ses tendances non-conformistes.
Il abandonne ses études, fait plusieurs fugues à
Paris, se pose en révolté, s'intoxique d'occultisme.
Verlaine ayant fait sa connaissance est saisi d'admiration pour
cet « ange en exil », cet « homme aux semelles de vent ».
Ils voyagent ensemble en Belgique et en Angleterre, se
brouillent, se séparent, se retrouvent.
En juillet 1873, à Bruxelles, Verlaine, probablement ivre, blesse Rimbaud d'une
balle de revolver.
Détaché de son « pitoyable frère », apercevant les dangers que l'on court à se faire chercheur
d'absolu, Rimbaud prend la résolution de devenir « un homme puissant et riche », et renonce, vers 1875, à toute
activité poétique.
De 1875 à 1878, il voyage à travers l'Europe.
En 1878, il est chef de chantier à Chypre.
En 1880, il part pour
l'Afrique, s'y livre au commerce des armes, de l'ivoire, du café, essaie même de vendre des esclaves, explore des
terres inconnues.
En 1891, la maladie l'oblige à rentrer en France.
Il y subit l'amputation d'une jambe, et meurt peu
après.
PRINCIPALES ŒUVRES
Poésies (1891).
Ce sont des pièces écrites entre 1869 et 1872.
Le poète imite d'abord les parnassiens (Sensation, Ophélie).
Puis les
forces de révolte amassées en lui éclatent (Rages de Césars, Les Soeurs de charité, Les Pauvres à l'église, Les
Premières Communions, Les Mains de Marie-Jeanne, L'Orgie parisienne).
Dans une troisième phase, il s'efforce de
noter l'ineffable (Le Bateau ivre, Larme, Fêtes de la patience, Mémoire).
Une saison en enfer (1873).
Ce court recueil constitué de pièces en prose parmi lesquelles s'intercalent quelques vers, est une audacieuse et
véhémente confession, où Rimbaud raconte poétiquement la « saison » passée avec Verlaine.
Illuminations : recueil mis au point à Londres en 1874, retouché en 1875, publié par les soins de Verlaine en 1886.
« Illumination » est pris dans son sens anglais d'enluminure.
Ces poèmes en prose, groupés sous quarante-deux
titres, développent au moyen d'images fulgurantes une pensée volontairement chaotique.
LE DRAME INTELLECTUEL DE RIMBAUD
L'esprit de révolte avait développé en lui un orgueil démesuré.
Il se croyait un être à.
part, une sorte de sur-homme
capable de découvrir, derrière les apparences, le visage secret des choses.
Il voulut non seulement « fixer des
vertiges », mais « se faire voyant...
par un long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens ».
Redoutable
aventure, dont il constate l'échec dans Une saison en enfer.
« J'ai essayé, dit-il, d'inventer de nouvelles fleurs, de
nouveaux astres, de nouvelles chairs, de nouvelles langues.
J'ai cru acquérir des pouvoirs surnaturels.
Eh bien ! je
dois enterrer mon imagination et mes souvenirs! » Pourtant, il n'abandonne pas immédiatement la poésie.
On a
longtemps pensé qu'Une saison en enfer était sa dernière oeuvre.
Il est maintenant certain que les Illuminations
l'occupèrent encore de façon intermittente pendant dix-huit mois.
Pourquoi ce renoncement? Il est dû sans doute au sentiment d'un échec, à une sorte d'épouvante intellectuelle,
mais plus encore à un acte de volonté lucide fondé sur cette conviction que l'homme ne peut pas vivre « dispensé
de toute morale », qu'il a « un devoir à chercher et la réalité rugueuse à étreindre ».
De la part d'une personnalité
aussi puissante, aussi entière, une telle volte-face est parfaitement concevable.
En changeant sa vie, Rimbaud n'a
pas cessé d'être lui-même.
LE LANGAGE POÉTIQUE DE RIMBAUD
Le fameux sonnet des Voyelles, dans lequel Rimbaud définit un système d'audition colorée, n'exprime qu'un aspect
secondaire et peu original de sa théorie du langage.
Rimbaud est un magicien de la poésie.
Il se compare très
justement à un alchimiste fondant ensemble des éléments disparates, pour en faire sortir l'image éblouissante de la
réalité vraie.
Cette « alchimie du verbe » n'est pas possible par les moyens du langage ordinaire.
C'est surtout dans
ses poèmes en prose que Rimbaud s'abandonne à cette fantaisie créatrice.
Il amalgame les termes rares, les
expressions brutales, les images éclatantes aussitôt évanouies qu'entrevues, les effets de rythme, dans une sorte
de ruissellement tumultueux et rapide, dont on est comme étourdi.
L'exemple de ce langage absolument neuf, moins intellectuel que celui de Mallarmé, plus intuitif, plus génial a
bouleversé toutes les techniques du style.
Rimbaud est le grand précurseur de la révolution littéraire du XXe siècle..
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