Le lyrisme romantique.
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Le lyrisme romantique.
Le lyrisme romantique, si original qu'il soit, conserve dans beaucoup de cas certains points communs avec le lyrisme
classique : forme strophique, éclat pompeux du style, éloquence.
D'autre part, lorsque Brunetière établit une
identité entre les trois termes de romantisme, lyrisme et individualisme, il simplifie exagérément.
Il est possible de
distinguer, quoique les limites soient souvent fort incertaines, plusieurs variétés du lyrisme romantique, qui sont les
suivantes :
1.
Le grand lyrisme.
— Mettant en jeu des idées générales et des notions philosophiques, se fondant parfois sur
les événements importants de l'actualité, il se rattache plus ou moins lointainement à la tradition du lyrisme
d'apparat, qui remonte jusqu'à Pindare.
De nombreux poètes français, Ronsard, Malherbe, Boileau, J.-B.
Rousseau avaient tenté en vain de retrouver la formule de ce lyrisme.
Victor Hugo y parviendra, en
modernisant les thèmes et le style, en substituant à un enthousiasme factice un sentiment vrai.
Son poème de
Napoléon II peut être considéré comme le modèle du genre.
2.
Le lyrisme pittoresque.
— Il correspond au goût du jeune romantisme pour les images vives, le moyen âge et
ses légendes, la couleur locale.
Il ne se borne pas à séduire l'imagination en la transportant dans le passé ou
en lui offrant des tableaux exotiques.
Il cherche à donner le frisson du mystère et de l'épouvante par le recours
au fantastique.
L'élément fantastique tient une grande place dans les Ballades de Victor Hugo, dans La
Comédie de la Mort de Théophile Gautier, dans le recueil en prose rythmée d'Aloysius Bertrand, Gaspard de la
Nuit.
Plus tard, chez Victor Hugo, cette inspiration s'épanouira en visions d'apocalypse.
3.
Le lyrisme personnel.
— Tantôt plaintif, tantôt véhément, ce lyrisme vient du coeur et s'adresse au coeur.
Il
repose sur des confidences intimes, s'élève de là jusqu'à l'analyse de sentiments généraux, s'épanouit en
méditations passionnées sur l'homme, la nature et Dieu.
Telle est du moins la forme que prend cette poésie
chez les grands ténors du romantisme, LAMARTINE, VIGNY, HUGO, Musset.
Les poètes de moindre talent,
Guttinguer, Latouche, MARCELINE DESBORDES—VALMORE, Arvers, se contentent en général d'effets plus
discrets et ne dépassent guère le cadre de l'élégie.
4.
Le lyrisme intime.
— Cette poésie s'attache à découvrir les charmes cachés de la vie quotidienne.
Elle aime
les sujets humbles, prosaïques, le réalisme familier.
Brizeux, Hégésippe Moreau ont attendri bien des lecteurs
par leur grâce un peu mièvre.
Sainte-Beuve, qui rêva d'être un grand lyrique, n'est que le plus subtil des
poètes intimistes.
5.
Le lyrisme symbolique.
— Intéressés par les rapports mystérieux des êtres et des choses, tous les
romantiques ont eu à quelque degré le goût du symbole.
Certains, s'écartant des formes traditionnelles, ont su
parfois trouver le vrai chemin du symbolisme.
Vigny dans La Maison du berger, Nerval dans Les Chimères,
Lamartine dans La Vigne et la Maison atteignent un type de poésie très évoluée, où les images suggestives, les
effets d'harmonie, le jeu des allusions et des transpositions remplacent les procédés anciens de description et
d'analyse.
6.
Le lyrisme satirique.
— La satire, telle que l'entendaient Régnier, Boileau et Voltaire, disparaît comme genre
littéraire indépendant.
Elle est absorbée par le lyrisme, dont elle devient une variété relativement rare, mais qui
a produit au moins deux oeuvres remarquables : en 1831, les Iambes de BARBIER; en 1853, Les Châtiments de
Victor Hugo..
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