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Le Malade imaginaire, Molière, extrait de l'Acte I scène 5 (texte 2)

Publié le 22/06/2024

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« Le Malade imaginaire, Molière, extrait de l'Acte I scène 5 (texte 2) INTRODUCTION : Le XVII ème siècle est celui du théâtre en France.

C’est en s’inspirant de la comedia dell’arte – genre nouveau venant d’Italie- que les auteurs vont donner un souffle nouveau sur le théâtre français.

Parmi eux, Molière, l’auteur favori du roi Louis XIV, illustre dramaturge et écrivain français, qui fut aussi comédien, chef de troupe et metteur en scène.

Dernière comédie de Molière, Le Malade imaginaire (1673) est une comédie-ballet qui met en scène un bourgeois hypocondriaque, Argan, qui veut à tout prix que sa fille, Angélique, épouse un médecin.

Or, celle-ci est amoureuse de Cléante.

L’insolente servante, Toinette, prend ici le parti de la jeune fille contre son père, provoquant une discussion qui tourne vite, en cette fin de scène 5 de l’acte I, à la dispute.

Nous nous demanderons en quoi cette querelle entre maître et valet a des allures comiques ? OU Nous nous demanderons dans quelle mesure cette inversion des rôles inattendue est-il comique ? Pour répondre à cette question, nous montrerons dans le premier mouvement que Toinette et Argan semblent s’affronter d’égal à égal. Ensuite, nous montrerons dans le second mouvement les allures farcesques de cet extrait. Rappel, farce→ Genre théâtral médiéval qui met en scène des personnages et des situations grotesques et stéréotypés. PREMIER MOUVEMENT : UN AFFRONTEMENT D’EGAL A EGAL L1-2 : « On dira ce qu’on voudra ; mais je vous dis que je veux qu’elle exécute la parole que j’ai donnée ».

=> L’extrait débute par une réplique d’Argan, une phrase injonctive, qui nous montre la conception conservatrice de ce personnage et qui accentue sa volonté d’être le maître absolu.

Ce qui nous donne une idée des relations qu’il entretient avec sa servante mais également avec sa fille Angélique. L3 : « Non : je suis sûre qu’elle ne le fera pas » => Négation totale + Utilisation du pronom : « je » de la servante → Toinette affirme son individualité et s’oppose de manière frontale à Argan.

Elle n'a pas peur de lui L4 : « Je l’y forcerai bien » => Futur simple à valeur injonctive => Argan menace Angélique.

Ce qui met en lumière la façon dont il entretien ses relations avec sa fille. L5 : « Elle ne le fera pas » => Futur de l’indicatif => Exprime la certitude de Toinette à l’échec du projet d’Argan, de placer sa fille dans un couvent + « vous dis-je » => construction sujet / verbe inversé => Toinette devient impertinente et insiste sur ce qu’elle a mentionné précédemment. L6 : « Elle le fera ou je la mettrai dans un couvent » => utilisation du pronom complément d’objet « la » => révèle qu’Argan dispose de sa fille comme bon lui semble et prouve qu’il veut avoir le pouvoir sur tout ce qui l’entoure.

Angélique est piégée entre deux alternatives : le couvent ou le mariage avec Thomas Diafoirus. L7 : « Vous ? » => Interrogation de Toinette => Souligne la surprise de la servante devant les excès de cette tyrannie paternelle.

Fait perdre sa crédibilité à Argan.

Elle veut le piquer au vif. L8-15 : Stichomythies => Toinette a réussi son coup et nous pouvons observer une opposition entre le maître et sa servante.

+ Phrases monosyllabiques, composées d’un adverbe « non » et d’un pronom « moi » => permet d’instaurer un comique de répétition.

=> Ce passage est d'abord marquant par la vivacité de son rythme et la brièveté de ses répliques.

Le dialogue entre Argan et Toinette possède cette vivacité car leurs répliques, dans la première partie de la scène, sont brèves, se répondent en s'enchainant rapidement. L10-20 : Répliques d’Argan = phrases interrogatives => En apparence un jeu de questions / réponses s’opère entre les deux personnages.

Mais les phrases interrogatives chez Argan ne sont pas une demande d'information (« Je ne la mettrai point dans un couvent ? » : elles servent à contester les assertions de Toinette (« vous ne la mettrez pas dans un couvent ») L21-23 : « vous n’aurez pas ce cœur-là » + « Je l’aurai » => Répétitions lexicales avec changement de modalisation : assertion/ dénégation (= action de nier quelque chose).

Ex : « vous n'aurez pas » / « je l'aurai » (L25-26), « « vous prendra » / « ne me prendra point ».

Parfois les enchainements se font par antonymes : « je lui commande » (l.37) / « je lui défends » (l.38) => la stratégie de Toinette consiste donc en la contestation systématique des propos d'Argan L25 : « La tendresse paternelle vous prendra » => Toinette formule ensuite un argument pour contrecarrer la volonté paternelle : elle veut démontrer a Argan qu'il ne sera pas capable de mettre sa fille dans un couvent à cause de son amour pour sa fille + Champ lexical de la tendresse « cœur », « tendresse paternelle », « larme », « bras jetés », « tendrement », « mon petit papa mignon », « toucher » => Toinette tente d’attendrir Argan L32 : « Bagatelles » => Terme dépréciatif => Argan sent que Toinette s'octroie un rôle qui n'est pas le sien : elle n'hésite pas à manifester son désaccord avec son maitre et lui répond fermement (« Bon ! », « Non »).

Les pronoms personnels « vous » d’un côté et « je », « moi » de l’autre s'opposent, manifestant les deux avis divergents en présence et la certitude de Toinette qui affirme avoir raison. Elle n'a pas peur de son maitre. L34 : « Vous êtes bon naturellement » => Cette phrase prend tout son sens par l’utilisation de l’adverbe « naturellement » => Toinette réaffirme sa stratégie de persuasion et évoque la bonté de son maître.

Cet adverbe nous porte à croire que malgré le tempérament rude et colérique d'Argan, elle connait sa véritable nature et l’invite à la clémence. L35 : « Avec emportement », « Je ne suis point bon et je suis méchant quand je veux » => Didascalie + comique de caractère => Argan a atteint le paroxysme de la colère et réagit vivement.

Il semble nier la nature que sa servante croit déceler en lui, une nature bonne, et la deuxième proposition qui revendique sa méchanceté parait puérile et ne constitue pas un argument sérieux. L39-40 : « Où est-ce donc que nous sommes ? Et quelle audace est-ce là à une coquine de servante de parler de la sorte devant son maître ? » => Questions rhétoriques => Argan s’indigne.

A partir de cet instant, sa colère est croissante d'Argan.

Elles contiennent un rappel de leur situation hiérarchique. La première question souligne l'incongruité de la situation, le fait que l'attitude de la servante ne renvoie à rien d'existant, est de l'ordre de l'inédit et de l'intolérable.

Ce que confirme la deuxième question, avec l'emploi de termes péjoratifs qui incriminent la servante (« audace », « coquine »). L41-42 : « Quand un maître ne songe pas à ce qu’il fait, une servante bien sensée est en droit de le redresser » => Présent de vérité générale + allitération en « s » => Avec un grand sens de la répartie Toinette, se place sur le même terrain que son maitre : celui de la généralisation, et reprend ses termes en chiasme : « coquine de servante...

devant son maitre » // « un maitre...

une servante bien sensée ». + Antithèse un maître « qui ne songe pas à ce qu’il fait » / « une servante bien sensée ».

Toinette riposte ici et justifie son attitude en l’interprétant comme un devoir de protection envers son maître qui n’a plus toute sa tête.

Elle souligne sa sagesse : « servante bien sensée » (Comique de caractère : maître colérique / servante sûre d’elle et insolente).

Face à un maître insensé, l'argumentation devient inutile : Toinette choisit l'opposition qui fait entendre la voix du bon sens (« le redresser », mais un tel dialogue évolue immanquablement vers l'affrontement physique. DEUXIÈME MOUVEMENT : UNE DISPUTE AUX ALLURES DE FARCE L43 : « court après Toinette », « Ah ! insolente, il faut que je t'assomme » => Didascalie + réplique d’Argan => Argan ne pouvant l'emporter en paroles entend bien réussir par les coups = il exprime son désir de la battre. L43-49 => Vif enchainement de didascalies // les personnages se mettent en mouvement : « se sauve de lui », « en colère, court après elle autour de sa chaise », « courant, et se sauvant du côté de la chaise ou n'est pas Argan ».

Après la confrontation d'idées, l'échange se clôt comiquement sur une scène de poursuite qui met en évidence la supériorité de Toinette => course folle, qui relève du comique de situation et de gestes. => La scène se termine dans une atmosphère de FARCE : menace de la bastonnade qui.... »

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