Le monde romanesque n'est que la correction de ce monde-ci, suivant le désir profond de l'homme. Car il s'agit bien du même monde. La souffrance est la même, le mensonge et l'amour. Les héros ont notre langage, nos faiblesses, nos forces. Mais eux, du moins, courent jusqu'au bout de leur destin et il n'est même jamais de si bouleversants héros que ceux qui vont jusqu'à l'extrémité de leur passion. Commentez ce propos.
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Mozart, dans Don
Giovanni, pousse la chose à l'invraisemblable en attribuant à Don Juan "mille et
trois" conquêtes. Ce héros, allant au bout de son principe libertin, trouvera la
mort. Le monde littéraire est tellement peuplé d'archétype qu'il donne lieu à
des qualificatifs fondés sur le nom propre des héros : Henri Gouhier signale
cela dans Le théâtre et l'existence, en limitant ce fait à la comédie : on peut
dire "c'est un Harpagon". Mais cela existe aussi pour le roman : on peut dire
"c'est un Rastignac".
II. "Il n'est même jamais de si bouleversants héros que ceux qui vont jusqu'à
l'extrémité de leur passion"
- Dans Dionysos, Pierre-Aimé Touchard mène une réflexion sur la force du
théâtre; il dit par exemple qu'on aime au théâtre la liberté dont on est privé
dans la vie : l'homme d'action n'a pas besoin du théâtre. C'est pourquoi il est
"bouleversant" de voir se faire ce qu'on ne peut faire à cause des impératifs
sociaux : la chose se réalise malgré tout (aboutissement des pulsions violentes
par exemple) mais sans danger pour nous ni pour la société : Scapin frappe son
maître enfermé dans un sac (ce qui constitue une scène très violente, si on ôte
l'atmosphère comique) mais le public peut en rire. Le héros qui ose faire ce que
le spectateur ne peut pas faire permet que s'opère une forme de catharsis.
- Implications métaphysiques de cette pensée : dans La chute de Sisyphe, Camus
plaide pour une réponse à l'absurde qui soit la révolte : l'homme ne peut réagir
au sentiment d'absurde qui l'étreint face au monde uniquement par la révolte.
Les personnage de son roman La peste obéissent à ce principe : le docteur Rieux
s'obstine à combattre cette maladie dévorante, et trace ainsi une figure de la
Révolte face à l'absurde.
Liens utiles
- Parlant du monde romanesque et de ses personnages, Albert Camus écrit dans L'Homme révolté : les personnages ont notre langage, nos faiblesses, nos forces. Leur univers n'est ni plus beau ni plus édifiant que le notre. Mais eux du moins,courent jusqu'au bout de leur destin et il n'est jamais de si bouleversants héros que ceux qui vont jusqu'à l'extrémité de leur passion. Commentez. Objets d'étude (extraits) : La Princesse de Clèves de La Fayette, Histoire du Chevalier Des Grieux et de
- Parlant du monde et de ses personnages, Albert Camus écrit dans l'Homme révolté : Les héros ont notre langage, nos faiblesses, nos forces. Leur univers n'est ni plus beau, ni plus édifiant que le nôtre. Mais eux, du moins, courent jusqu'au bout de leur destin et il n'est jamais de si bouleversant héros que ceux qui vont jusqu'à l'extrémité de leurs passions. Vous expliciterez et illustrerez ce point de vue à partir de vos lectures romanesques et vous le discuterez si cela vous semble n
- Commentez cette page d'Albert Camus: « L'art formel et l'art réaliste sont des notions absurdes. Aucun art ne peut refuser absolument le réel. La Gorgone est sans doute une créature purement imaginaire; son mufle et les serpents qui la couronnent sont dans la nature. Le formalisme peut parvenir à se vider de plus en plus de contenu réel, mais une limite l'attend toujours. Même la géométrie pure où aboutit parfois la peinture abstraite demande encore au monde extérieur sa couleur et ses
- Aussi vivante que nous apparaisse une créature romanesque, il y a toujours en elle un sentiment, une passion, que l'art du romancier hypertrophie pour que nous soyons mieux à même de l'étudier; aussi vivants que ces héros nous apparaissent, ils ont toujours une signification, leur destinée comporte une leçon, une morale s'en dégage qui ne se trouve jamais dans une destinée réelle toujours contradictoire et confuse. Commenter et discuter cette citation de Mauriac.
- Les héros vont au bout de leur passion et de leur destin.