Le roman doit-il toujours représenter le monde tel qu'il est ?
Extrait du document
Il
entreprend donc pour cela, un projet de rationalisation : il classifie les
individus par types et cherche à expliquer le fonctionnement général du système
social. En outre cette volonté d'authenticité est restituée grâce à la prose qui
devient sous la plume des réalistes un moyen de mieux connaître le monde. Le
sens se construit grâce à la clarté d'une phraséologie limpide. Le roman fait
sens immédiatement !
·
Qui plus est il convient de dire que
le roman, selon le mouvement auquel il appartient (ici le réalisme, le
naturalisme), est véritablement capable de mieux nous faire connaître le monde.
Pourtant si les héros de Balzac, de Zola, de Maupassant ou de Flaubert ont
souvent en commun de partager une existence médiocre, la raison tient au fait
que la fiction romantique n'est plus qu'une rêverie dépassée. C'est pourquoi, à
travers le personnage d'Emma Bovary, Flaubert met à mort ses propres fantasmes
romantiques car ils sont en inadéquation avec la réalité, aussi pauvre
soit-elle, qu'il s'est promis de décrire.
II/...mais aussi un instrument
pour s'en évader...
·
Avec l'élargissement de l'éducation
primaire et de la mécanisation des presses, les révolutions et les guerres, le
roman va subir des métamorphoses tout au long des siècles. Le récit d'aventure
(par exemple : Robinson Crusoé, Daniel Defoe, XVIIIe siècle), le roman
historique et/ou frénétique (par exemple : Les trois mousquetaires,
Alexandre Dumas, XIXe siècle), ou encore le roman existentialiste
(par exemple : La nausée, Sartres, XXe siècle) deviennent
caractéristiques des différentes catégories qui appartiennent au genre. Le roman
n'est plus seulement le moyen de représenter le monde, il devient également
l'outil pour s'en évader. S'évader d'une réalité sans doute trop terne aux vues
des romans réalistes et naturalistes !
·
Dans Madame Bovary, le personnage
d'Emma se prend au jeu de l'invitation au voyage « littéraire ».
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