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Le théâtre de EUGÈNE IONESCO

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Eugène Ionesco, originaire de Roumanie, aborde le théâtre à trente-six ans. On peut distinguer trois périodes dans sa carrière dramatique. La première (1949-1951) comprend La Cantatrice chauve, La Leçon, Jacques ou la Soumission, L'Avenir est dans les oeufs : ce sont des pièces courtes, situées dans un cadre étroit; les personnages sont élémentaires et mécaniques; le langage est souvent incohérent. La seconde période (1951-1954) est illustrée par Les Chaises, Victimes du devoir, Amédée : les pièces sont plus étoffées; le décor a plus d'importance; les personnages sont plus complexes, le dialogue moins déroutant. La troisième période, à partir de 1957, comprend Tueur sans gages, Rhinocéros, Le Piéton de l'air, Le Roi se meurt : un héros fait son apparition, Béranger, l'homme conscient et lucide qui souffre et lutte; les pièces sont plus construites; le dialogue a une résonance plus personnelle. La Soif et la Faim, représentée à la Comédie-Française en 1966, est « une sorte de journal spirituel théâtralisé »; Jeux de massacre (1970) évoque les réactions tragiques ou bouffonnes des habitants d'une ville ravagée par la peste.

« EUGÈNE IONESCO (né en 1912) Eugène Ionesco, originaire de Roumanie, aborde le théâtre à trente-six ans.

On peut distinguer trois périodes dans sa carrière dramatique.

La première (1949-1951) comprend La Cantatrice chauve, La Leçon, Jacques ou la Soumission, L'Avenir est dans les oeufs : ce sont des pièces courtes, situées dans un cadre étroit; les personnages sont élémentaires et mécaniques; le langage est souvent incohérent.

La seconde période (1951-1954) est illustrée par Les Chaises, Victimes du devoir, Amédée : les pièces sont plus étoffées; le décor a plus d'importance; les personnages sont plus complexes, le dialogue moins déroutant.

La troisième période, à partir de 1957, comprend Tueur sans gages, Rhinocéros, Le Piéton de l'air, Le Roi se meurt : un héros fait son apparition, Béranger, l'homme conscient et lucide qui souffre et lutte; les pièces sont plus construites; le dialogue a une résonance plus personnelle.

La Soif et la Faim, représentée à la Comédie-Française en 1966, est « une sorte de journal spirituel théâtralisé »; Jeux de massacre (1970) évoque les réactions tragiques ou bouffonnes des habitants d'une ville ravagée par la peste. Un « drame comique » : La Leçon. Une jeune tille se présente chez un vieux professeur veut préparer un « doctorat total ».

Le barbon est troublé par sa jeunesse et sa gaieté; il se montre timide, patelin.

La leçon commence par l'arithmétique : habile à additionner, l'élève est incapable de soustraire; le professeur s'énerve.

La leçon se poursuit par la philologie le maître disserte avec pédantisme sur de prétendues langues néo-espagnoles.

Il devient agressif et despotique, tandis que, sous l'emprise de son déluge verbal, l'élève perd progressivement toute sa vivacité.

Le professeur, ivre de ses propos, hors de lui.

la tue avec un couteau invisible. Une « farce tragique » : Les Chaises. Un couple de vieillards habite une tour délabrée sur une île déserte.

Soucieux de donner un sens à leur vie, ils ont invité de nombreuses personnes à qui le Vieux communiquera, par l'intermédiaire d'un Orateur, son « message » à l'humanité.

Les invités arrivent en rangs serrés, invisibles; les Vieux les accueillent courtoisement, tandis que les chaises s'accumulent.

L'Orateur apparaît en chair et en os; pensant que leur Message sera transmis, les Vieux se précipitent dans la mer, pleins d'espoir.

L'Orateur va parler, mais il n'émet que des râles; il disparaît.

On entend le clapotis des vaques, Puis c'est le silence. Le théâtre de Ionesco est un théâtre de l'Absurde.

« La vie est absurde », proclame l'auteur des Chaises : les êtres humains sont des marionnettes, des robots; incapables de penser et d'agir par eux-mêmes, ils adoptent en toutes circonstances l'attitude la plus sottement conformiste; satisfaits d'eux malgré tout, ils pontifient et dogmatisent.

Ce dogmatisme inspire des doctrines qui, en proliférant, risquent de réduire en esclavage toute l'humanité.

Le langage, tout particulièrement, donne la sensation aiguë de l'absurde : sclérosé, fait de lieux communs éculés, il révèle « l'absence de vie intérieure »; Ionesco s'emploie à le ridiculiser en le déformant et en grossissant ses aspects mécaniques. Ce théâtre entend mettre au jour le néant de l'existence; la note gaie cependant domine.

Chez Eugène Ionesco, comme chez Georges Feydeau, il y a une accélération du mouvement, une sorte de folie : Ionesco manie en tous sens la réalité la plus sinistrement prosaïque, la désarticule, la désintègre, la réintègre et, de ce pétrissage, naît un comique irrésistible.. »

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