« Le théâtre n'est pas le pays du réel il y a des arbres en carton, des palais de toiles, un ciel de haillons, des diamants de verre, du rouge sur la joue, du soleil qui sort de dessous la terre. C'est le pays du vrai il y a des corps humain sur la scène, des coeurs d'humain sur la scène, dans la salle, dans les coulisses. » Commentez cette affirmation de Victor Hugo qui vous invite à réfléchir à l'essence du théâtre : mauvaise copie de la réalité ou vérité profonde au-delà du clinquan
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Commentez ce jugement de Victor Hugo sur le théâtre : "Le théâtre n'est pas le pays du réel: il y a des
arbres en carton, des palais de toile, un ciel de haillons, des diamants de verre, de l'or de clinquant, du
fard sur la pêche, du rouge sur la joue, un soleil qui sort de dessous la terre.
C'est le pays du vrai : il y a
des cœurs humains dans la coulisse, des cœurs humains dans la salle."
Reproduire le réel ? S’en évader et aller vers l’imaginaire ? Cette alternative est valable pour tous les
genres littéraires mais elle colle au mieux celui du théâtre.
Le statut est double, à la fois texte et
représentation le caractérise.
D’ailleurs dans un texte très connu de Giraudoux, L’impromptu de Paris,
l’auteur fait dire à ses personnages que « le théâtre, c’est d’être réel dans l’irréel ».
C’est finalement ce que veut nous faire comprendre Hugo lorsqu’il dit que « le théâtre n'est pas le pays du
réel: il y a des arbres en carton, des palais de toile, un ciel de haillons, des diamants de verre, de l'or de
clinquant, du fard sur la pêche, du rouge sur la joue, un soleil qui sort de dessous la terre.
C'est le pays
du vrai : il y a des cœurs humains dans la coulisse, des cœurs humains dans la salle ».
En résumé, nous
allons finalement, grâce entre autre à la métaphore de Giraudoux, nous demander si le théâtre est oui ou
non pays du réel, quels sont les rapports entre le réel sur
la scène, et le réel en dehors de la scène ?
Aller au théâtre, c'est forcément se placer hors du monde habituel dans lequel nous évoluons: le théâtre,
c'est d'abord un lieu spécifique, ou à défaut un espace spécifique ; on y parle de décor, à « monter » ou «
démonter » ; de rideau, qui se « lève », se « baisse ».
Des cette lever de rideau, le réel s’impose, mais
quel réel ? Est ce qu’il est possible d’effacer la part des conventions qui régissent l’univers du théâtre ?
Nous allons donc voir dans une première partie toute la part du réel dans le théâtre, puis dans une
seconde partie la part de l’irréel, et nous finirons sur une troisième partie ou nous verrons que la mise en
scène et le choix de l’histoire peuvent renforcer le double aspect du théâtre, ainsi que la nature du réel au
théâtre dans son apport avec l’art.
Bien sur, tout le monde sait que le théâtre a pour but de montrer une partie du réel, et dans sa
représentation, la scène et la salle partagent le même espace et la même temporalité.
Le théâtre est un
spectacle vivant dont la représentation est le but.
Le texte même est fait pour être dépassé par l’action.
Les moyens d’expression sont variés ; le dialogue bien sûr mais aussi l’éclairage, la musique, le décor, le
maquillage, les costumes.
Ils créent une atmosphère, une illusion qui entraînent le public « hors du
monde », hors de son quotidien.
Diderot encore
précise qu’au théâtre, le « vrai » est la conformité de la représentation avec le « modèle idéal imaginé par
le poète et souvent exagéré par le comédien ».
Pour le metteur en scène, c’est un choix délicat que celui
des acteurs car il engage l’interprétation de la pièce.
Dans Ruy Blas par exemple, selon la distribution, la
vision de la pièce en est modifié, si la représentation est marquante, c’est avec le visage de tel ou tel
acteur que l’on imaginera désormais le personnage.
Citons un exemple connu, celui de Gérard Philipe qui
est devenu le Cid.
Mais cette incarnation des personnages fonctionne pour toutes les pièces, par
exemple, nous sommes allez voir L’illusion comique au théâtre à Montparnasse, et bien qu’il s’agisse de
la pièce de Corneille, cette interprétation était totalement différente de la vision de la pièce que j’avais,
certains personnages chantaient même.
Ainsi, les personnages qui se confient sur scène, se déchirent
ou s’aiment sont les rêves de l’auteur, animés par des comédiens qui les « jouent », dans un décor
souvent stylisé où tout est signe, métaphore.
La mise en scène d’ « Antigone », imaginée par Anouilh, est
très dépouillée.
Les deux seuls accessoires de la pièce sont un bol et une chaîne.
Le premier est apporté
par la nourrice et cet objet familier conduit Antigone à redevenir l’enfant qui se réfugiait dans les bras de
sa « nounou ».
Le second
est la chaîne qui lie les poignets de la fille d’Œdipe, prise au piège « comme une petite hyène »..
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