Le tourisme est-il un facteur de paix, un moyen de compréhension entre les peuples?
Extrait du document
«
Introduction
— A ller visiter un pays étranger supposerait qu'on veuille le découvrir et ainsi mieux comprendre comment il vit.
La connaissance réciproque entre les
peuples devrait idéalement les rapprocher et leur permettre de vivre dans des rapports harmonieux d'échange et de paix.
C'est ce que le développement
considérable du tourisme, ces trente dernières années, avait du moins fait espérer.
— Mais la réalité des flux touristiques modernes, ceux qui vont des pays riches vers les pays pauvres, offre un visage très différent.
Aujourd'hui, bien
souvent on ne va pas dans un pays pour lui-même, mais parce qu'il offre (ou parce qu'on veut y voir) le négatif du sien, une sorte d'exutoire temporaire à des
désirs inassouvis.
D'où l'esprit de conquête qui s'empare parfois du touriste et sa propension à se nourrir de clichés à propos du pays en question.
— Il y a peut-être deux façons de voyager : l'une passive conçoit le tourisme comme une évasion et une promenade, l'autre active le voit plutôt comme
l'occasion d'une découverte et d'un échange.
Questions :
1.
Quelle est la réalité du tourisme aujourd'hui? (Favorise-t-il la compréhension entre les peuples ?)
2.
Ne peut-on envisager une autre forme de voyage et de relations entre le touriste et son hôte ?
I.
La réalité du tourisme
1.
« Faire un tour »
— Le voyage aujourd'hui est bien souvent une simple promenade agrémentée de tout le confort moderne.
— Recherche de l'évasion, du divertissement, d'une forme de rêve.
— Le pays visité est « traversé » avec rapidité.
C'est plus un survol qu'une véritable découverte.
Ex.
: Le Paris-Dakar.
2.
Des relations superficielles
— Les relations qui se nouent entre touristes et pays d'accueil sont souvent superficielles.
— Pas de véritable échange.
Hospitalité de façade.
À la limite, pas d'échange du tout.
Ex.
: C lubs de vacances fonctionnant en circuit fermé.
— Une découverte superficielle du pays vu à travers ses « curiosités », ses sites, son « folklore » plus qu'à travers sa réalité sociale.
Ex.
: V oyage en autocar climatisé : voyager en se protégeant.
— L'obstacle de la langue rend souvent tout contact difficile
voire impossible.
Ex.
: On va en vacances en Tunisie ou au Maroc mais on n'apprend pas l'arabe à l'école en France.
3.
Des relations inégales
— Les touristes, comme en pays conquis, veulent être servis.
Ils établissent des comparaisons défavorables à leurs hôtes.
Tendance à considérer les
étrangers comme des barbares.
« C hacun appelle barbarie ce qui n est pas de son usage.
» (Montaigne)
— Les autochtones eux-mêmes sont parfois choqués par des comportements étrangers à leurs mœurs.
Ex.
: Dans les monastères grecs, les religieux enjoignent aux touristes de se vêtir moins sommairement !
— D'où des relations difficiles, une incompréhension que le tourisme de masse ne fait qu'accentuer.
Dans ces relations, le commercial, l'économique
l'emportent bien souvent sur les relations humaines au sens large.
II.
Voyager autrement
1.Demeurer
— C onnaître un pays, ses habitants, s'imprégner de ses coutumes supposent qu'on y demeure plus longtemps que la classique
semaine des « circuits organisés ».
— On pourrait substituer la rencontre au survol et venir dans le pays pour lui-même.
— Emprunter pour se déplacer les moyens de transport du pays, sortir des hôtels internationaux, accepter une certaine forme de
risque en dehors des sentiers balisés par les guides.
« Quant à voir les points de vue et les curiosités selon l'ordre des itinéraires, c'est de quoi je me suis toujours soigneusement défendu.
(...) J'ai perdu
beaucoup sans doute à cette indifférence ; mais je lui dois aussi beaucoup de rencontres et d'admirations imprévues que le guide officiel ne m'eût pas fait
connaître ou qu'il m'aurait gâtées.
» (Gérard de Nerval, article paru dans Le Messager du 18 septembre 1838)
2.
Échanger
— L'échange doit se faire à double sens.
Il faut donner et recevoir.
Ne pas oublier ce que l'on est et chercher à connaître l'autre dans sa différence.
— C e qui suppose qu'on respecte les coutumes du pays.
On peut essayer de manger et de boire selon les usages du pays, entendre sa musique et participer
à ses activités.
C 'est ce que proposait Montaigne dans les Essais : s'asseoir à la table des étrangers et les connaître à travers leurs habitudes alimentaires.
— Savoir qu'on sera toujours un étranger mais qu'on a beaucoup à gagner dans cet échange.
« Le tourisme est un moyen d'accès à l'autre.
Il est l'occasion d'un dialogue pacifique et amical qui n'a pas toujours eu lieu dans le passé.
Aussi l'éducation
du public, et particulièrement des milieux en contact direct avec les hôtes, vise-t-elle à élever à un degré aussi haut que possible le sens de l'accueil, de la
courtoisie, de la serviabilité, mais aussi de la fermeté, de la dignité et d'une saine fierté nationale.
Ainsi voudrions-nous que le tourisme soit rencontre et
non pas promenade.
La rencontré fonde une dialectique de la révélation.
C hacun, le touriste qui vient en hôte dans mon pays tout comme moi-même,
s'exprime dans sa propre culture.
Et il faut qu'il en soit ainsi ; car c'est le choc de la rencontre de l'autre qui lui révèle par différence ce qu'il est.
» (M.
Boudhiba, Courrier de l'Unesco, février 1981)
3.
Apprendre
— On peut apprendre la diversité des cultures.
C omprendre les usages du pays, sa langue, sa religion, son histoire, sa philosophie, ses mœurs, son art.
Ce
qui permet de découvrir à la lumière des autres sa propre identité.
— On peut aussi apprendre la tolérance, le sens de l'autre indispensables à la paix et à la compréhension entre les peuples.
Mais aussi la solidarité avec
des pays moins favorisés.
— On peut essayer de prolonger rechange en devenant soi-même l'hôte, en recevant chez soi des étrangers.
Conclusion
— Les échanges entre les jeunesses des pays européens sont nombreux et sont en mesure de créer des liens plus fraternels entre
les peuples.
— Les rapports entre pays riches et pays du tiers monde sont plus ambigus.
L'échange demeure inégal et insuffisamment inter actif.
— Être un véritable voyageur suppose en réalité un apprentissage.
« Qu'est-ce, me direz-vous, qu'un véritable voyageur? C elui qui, en chaque pays
parcouru, par la seule rencontre des autres et l'oubli nécessaire de lui-même, y recommence sa naissance.
» (Jacques Lacarrière, l'Été grec.).
»
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