L'écriture des fables est-elle une « entreprise futile » ?
Extrait du document
«
La fable est un récit qui comporte une morale.
Les enfants les apprennent (sans toujours les comprendre vraiment).
La Fontaine lui-même évoque la futilité de son entreprise : « Je suis chose légère et je vole à tout sujet.
Je
vais de fleur en fleur et d'objet en objet », (dans une lettre à Madame de la Sablière).
Et cependant, peut-on seulement concevoir l'écriture de la fable, et donc la fable elle-même comme un
texte futile, sans profondeur ? N'oublions pas que la fable contient souvent un arrière plan social, politique,
philosophique.
La fable, récit en prose ou en vers, est très souvent associée aux poésies ânonnées en classe ; son
domaine est réduit au monde scolaire, à celui de l'écolier.
De fait, il serait facile de considérer le travail du fabuliste
comme une entreprise futile, sans profondeur, destiné aux enfants.
Et cependant, exercice pratiqué depuis
l'Antiquité, célébré au XVIIE siècle avec La Fontaine, et continué les siècles suivants par des auteurs comme
Anouilh, la fable est loin d'être un écrit simple et anodin.
Texte le plus souvent symbolique, où l'imagination
intervient pour une grande part, la fable est un genre hybride, associant morale et la facilité, les
fameux docere et placere de l'époque classique.
De fait, peut-on seulement concevoir l'écriture de la fable, et donc
la fable elle-même comme un texte futile, sans profondeur ? Dans une première partie, il serait intéressant d'évoquer
les aspects a priori futiles de ce genre.
Puis, dans une deuxième partie, nous montrerons qu'il contient un message,
une réflexion et enfin, dans une troisième partie, nous soulignerons le pouvoir argumentatif de la fable.
I- Une entreprise futile
A- Un genre destiné aux enfants
* La Fontaine adresse ses fables à un enfant, au Dauphin
* de nombreuses fables font parler des animaux, personnifications.
Monde animal, monde enfantin.
B- Un récit très agréable à lire
* La Fontaine : importance accordée au récit.
(VS Ésope, pour qui le récit n'a qu'une fonction secondaire,
d'illustration).
Chez La Fontaine, le récit (animé, vivant et pittoresque par la variété des temps employés) se
développe considérablement par rapport à la morale, qui, loin de rester la seule finalité de la fable, en devient plutôt
le prétexte.
* La Fontaine : ses fables sont de véritables petites scènes de genre, pittoresques et circonstanciées, le
plus souvent teintées d'humour.
Jouant sur l'alternance irrégulière de différents mètres (octosyllabes et alexandrins,
par exemple), utilisant des effets complexes de rythmes, d'assonances et de rimes, La Fontaine se sert de toutes
les ressources de la forme versifiée pour dynamiser le récit, lui donner l'allure naturelle d'un conte, à mi-chemin entre
prose et poésie
« Les Obsèques de la lionne » :
« La femme du Lion mourut :
Aussitôt chacun accourut
Pour s'acquitter envers le Prince
De certains compliments de consolation,
[...]
Ami, m'a-t-elle dit, garde que ce convoi,
Quand je vais chez les Dieux, ne t'oblige à des larmes.
Aux Champs Élysiens j'ai goûté mille charmes,
Conversant avec ceux qui sont saints comme moi ».
Alternances des octosyllabes et des alexandrins.
Verbes d'action à la rime....
Δ : La fable apparaît donc comme un récit léger et agréable.
La Fontaine s'accuse lui-même de futilité quand il se.
»
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