Lecture linaire n° 6 - Postambule (début) - « Femme, réveille-toi... »
Publié le 09/03/2025
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Lecture linaire n° 6 - Postambule (début) - « Femme, réveille-toi...
»
Introduction
► Alors que la Révolution française n’a apporté que peu de progrès pour le droit des femmes, Olympe de Gouges,
portée par les idéaux des Lumières, pionnière emblématique de la lutte pour les droits des femmes, rédige en 1791
la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne calquée sur la Déclaration des droits de l’homme et du
citoyen de 1789.
► L’extrait étudié est le début du postambule de la déclaration, c'est à dire une note qui vient conclure la
déclaration.
Dans ce texte, elle s’adresse aux femmes afin de les encourager à réclamer leurs droits.
► Lecture du texte
► Pour analyser ce texte, nous nous demanderons quelle stratégie Olympe de Gouges met en place pour
convaincre les femmes de combattre pour l’égalité entre les sexes.
Pour répondre à ce projet de lecture, nous
pourrons identifier trois mouvements :
–
1er mouvement : du début à « envers sa compagne » : vers une prise de conscience
–
2ème mouvement : de « Ô femmes ! » à « auriez-vous à répondre.
» : : le constat des inégalités
–
3ème mouvement : de « S'ils s'obstinaient » à « n'avez qu'à le vouloir » : l'appel à l'action et à la révolte
Premier mouvement
► Par l'apostrophe qui ouvre le texte « Femme, réveille-toi » , Olympe de Gouges appelle les femmes à ne plus
accepter passivement l’injustice de leur situation.
L'apostrophe au singulier, « Femme » permet à l’auteure
d’interpeller sa destinataire, de la singulariser et ainsi de renforcer son effet.
L’emploi de l’impératif présent, «
réveille-toi », « reconnais-toi » exprime une injonction qui place d'emblée la lectrice dans une position active : il
s'agit d'être moteur du combat des femmes, d'agir.
► La métaphore « le tocsin de la raison se fait entendre » continue à exprimer l'urgence d'agir.
Olympe de
Gouges insiste sur le rôle de la « raison » : il s'agit d'un combat raisonné, et donc juste, et non d'une révolte
incontrôlée ou irréfléchie.
D'ailleurs, la négation « n’est plus » et l’usage du passé composé « a dissipé », et plus
loin « a multiplié », « a eu », « est devenu » marquent une rupture temporelle, et insistent sur l’opportunité du
moment (début d'une nouvelle ère : la Révolution).
C’est maintenant qu’il faut agir pour mettre fin à l’injustice
dont sont victimes les femmes.
► Olympe de Gouges légitime le combat à venir en le plaçant sous l'influence des Lumières avec les métaphores
« tocsin de la raison » ou encore « le flambeau de la vérité » qui s'opposent au champ lexical de
l'obscurantisme et de l'ignorance avec les termes « fanatisme », « superstition », « mensonges », « sottises »
ou « usurpation » (nb : usurpation : « vol », appropriation illégitime d'une fonction, d'un pouvoir : sous
entendu les droits et les pouvoirs des femmes) .
L'antithèse entre la clarté du « flambeau » et l'obscurité des
« nuages » prolonge cette opposition.
Le triomphe de la lumière révèle finalement le droit naturel désigné
métaphoriquement par « le puissant empire de la nature » : les femmes peuvent enfin revendiquer ce qu'elles
devraient par nature déjà avoir.
► La prise de conscience des lectrices passe également par des images percutantes : ainsi, Olympe de Gouges
utilise la métaphore de l’esclave (« l’homme esclave » / « ses fers ») pour évoquer la condition des hommes avant
la Révolution.
Mais elle va opposer à ce statut d’esclave des hommes leur nouveau statut, celui de la liberté :
« briser ses fers », « devenu libre ».
Le parallélisme « devenu libre, il est devenu injuste » souligne l’égoïsme et
l’ingratitude de l’homme, qui n’a pas partagé son émancipation et les acquis de la Révolution avec la femme.
CCL : L’ouverture du postambule cherche donc à réveiller la conscience des femmes et à les convaincre de
l’urgence et de la nécessité d’agir à travers des images percutantes.
Deuxième mouvement
► L’apostrophe « Ô femmes ! femmes » qui débute le deuxième mouvement est maintenant au pluriel : elle joue
un rôle emphatique ( = mise en valeur) en donnant une ampleur plus grande au propos, en l'élargissant à toutes les
femmes.
Ainsi, Olympe de Gouges souligne l'appartenance des femmes à un groupe et suggère la puissance de ce
collectif.
► Elle poursuit son travail de prise de conscience par une suite de questions rhétoriques destinées à mobiliser ses
lectrices et à rendre l’appel plus concret.
Dans la première, « quand cesserez-vous d’être aveugles ? », l'emploi de
l'adjectif péjoratif « aveugles » souligne de manière provocatrice la part de responsabilité des femmes dans leur
condition en soulignant leur manque de discernement.
L’enchaînement de questions et de réponses qui se
poursuit tout au long du mouvement anime le discours en instaurant un dialogue fictif entre O.
de Gouge et les
femmes : le propos y gagne une véritable force oratoire destinée à remporter l'adhésion des lectrices et à les pousser
dans l'action.
► Olympe de Gouges souligne dans ce mouvement les injustices dont sont victimes les femmes : elle rappelle
notamment comment elles ont été dépossédées du pouvoir à travers un jeu d'antithèses où les termes associés au
pouvoir des femmes sont immédiatement contrés et relativisés par des expressions contraires : ainsi, « avantages »
est lié à « mépris » et « dédain ».
Plus loin, « régné » est associé au nom « faiblesse » et la négation restrictive
« ne...que » renforce encore ce constat de dénuement.
Enfin, « empire » est suivi de « détruit » et marque une
gradation dans l'évocation : les femmes n'ont plus rien.
La question rhétorique « que vous reste-t-il donc ? »
appelle d'ailleurs ce « rien » en réponse : Olympe de Gouges surprend encore une fois ses lectrices avec la réponse
« la conviction des injustices des hommes ».
► Si elle met en relief la déception, la réponse souligne aussi ce que les femmes ont acquis....
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