Léon-Pamphile LE MAY (1837-1918) - Chant du Matin
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Léon-Pamphile LE MAY (1837-1918) - Chant du Matin Les vapeurs du matin, légères et limpides, Ondulent mollement le long des Laurentides, Comme des nuages d'encens. Au murmure des flots caressant le rivage, Les oiseaux matineux, cachés dans le feuillage, Mêlent de suaves accents. La nature, au réveil, chante une hymne plaintive, Dont les accords touchants font retentir la rive Du Saint-Laurent aux vagues d'or ; Glissant, comme une feuille au souffle de l'automne, Sur le flot qui module un refrain monotone. Une barque prend son essor. Vogue ! vogue ! faible nacelle ! Des premiers feux du jour nouveau ! Berce ! berce ta voile blanche Qui se relève et qui se penche, Comme pour se mirer dans l'eau : Devant toi la mer étincelle Tandis que je reste au rivage, Au pied du vieux chêne sauvage Où je viens rêver si souvent ! Où, quand le monde me rejette, L'écho fidèle, au moins, répète Mes notes qu'emporte le vent. Et que m'importe la louange Des hommes dont l'amitié change Comme le feuillage des bois ! S'il faut chanter, ma lyre est prête : Vers mon Dieu, si je suis poète, J'élèverai ma faible voix. C'est lui qui fait naître l'aurore ! C'est lui que la nature adore Dans son sublime chant d'amour ! Il nous sourit, et l'humble hommage Que lui présente le jeune âge, Est toujours payé de retour. C'est lui qui recueille nos larmes ! C'est lui qui dispense les charmes Dont se revêtent les saisons ! C'est lui qui dit aux fleurs de naître, Au brillant soleil de paraître, Pour venir dorer nos moissons ! C'est lui qui donne aux nuits leurs voiles Ornés de brillantes étoiles Qui tremblent dans les flots luisants; Qui verse les molles ondées Dans nos campagnes fécondées Par les sueurs des paysans ! Il parle, et le monde s'agite, Le soleil se lève plus vite, Et tout adore sa splendeur ! Il parle, et tout l'univers tremble, Et les astres volent ensemble, En se racontant sa grandeur ! Dans ma misère il me visite, Quand tour à tour chacun m'évite, M'abandonnant seul à l'ennui. Quand m'échappe une plainte amère, Il me dit : " Pauvre enfant, espère, C'est moi qui serai ton appui. " Quand l'amertume nous inonde, Qu'il n'est plus d'amis en ce monde, Seul il ne se retire pas. Quand nous chancelons dans la voie, Du haut du ciel il nous envoie Un ange qui soutient nos pas.
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