Les contes de fées contiennent-ils une vérité ?
Extrait du document
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Analyse du sujet et problématisation :
Les contes de fées trouvent leurs origines dans des mythes et des légendes aux motifs universels.
Restés
longtemps dans la tradition orale, ils se transmettent par des générations de conteurs lors de veillées populaires et
familiales.
L'expression « contes de fées » fait référence au genre littéraire du conte merveilleux qui se définit selon
Vladimir Propp par sa structure narrative : un héros ou une héroïne, subissant un malheur ou un méfait, doit
traverser un certain nombre d'épreuves et de péripéties, qui souvent mettent radicalement en cause son statut ou
son existence, pour arriver à une nouvelle situation stable, très souvent le mariage ou l'établissement d'une nouvelle
vie.
Le lien entre conte de fée faisant appel au merveilleux et la révélation d'une vérité pose problème.
Par vérité
on entendra la conformité avec ce qui est, c'est-à-dire avec la réalité.
La vérité peut donc être celle d'une époque
et d'une société donnée, comme une vérité intemporelle révélant l'essence de l'homme et du monde.
Problématique : Les contes merveilleux proposent-ils une révélation de la vérité du monde et de
l'homme ?
I)
Les contes de fées s'opposent à la réalité
Les contes de fées, par définition, merveilleux semblent s'opposer à toute tentative de révélation conforme à ce
qui est.
Ils sont souvent considérés comme des « contes à dormir debout », simples divertissements futiles.
1)
Le conte de fées : destiné un public enfantin ou populaire
Le conte de fées est un genre littéraire de tradition orale souvent considéré comme destiné à un public populaire ou
enfantin et donc inapte à la révélation de vérité sérieuse et complexes.
Il se présente comme un divertissement
futile destiné à animer notamment les veillées campagnardes.
Ex : Le frontispice de l'édition originale des Contes du temps passé de Perrault (1697) représente une
paysanne filant au coin du feu et faisant de beaux contes aux enfants qui l'entourent.
Contes de vieilles, contes de
servantes ou de nourrices, disait-on pour désigner ce que Cicéron appelait déjà des fabulae aniles.
Ce stéréotype
très ancien a permis de confondre dans le même mépris la tradition orale avec l'univers domestique, celui des
femmes et des petits enfants.
2)
Le conte de fée : une structure rigide et irréelle
Le conte merveilleux est composé selon uns structure assez rigide comportant un schéma invariable ( cf.
la
définition de Vladimir Propp mentionnée en introduction).
Son dénouement nécessairement heureux le distingue des
aléas de la vie réelle et témoigne de sa non conformité avec ce qui est.
De plus, comme son nom l'indique le conte
merveilleux est composé d'éléments faisant référence à un univers merveilleux, totalement irréel et imaginaire,
permettant l'évasion du lecteur loin de ses problèmes quotidiens.
Les formules traditionnelles " Il était une fois… ",
" Au temps jadis… ", placent le conte dans un passé imprécis, aux contours mal définis, hors du temps vécu, du
temps historique.
Ex : La présence très fréquente des fées qui donnent au genre son nom : Les fées, La belle au bois dormant (
les marraines de la princesse sont 7 fées), etc…
NB : Le merveilleux transparaît notamment dans les tenues vestimentaires des fées, chargées de "paillettes", rubis
et saphirs ainsi que dans l'éternelle baguette dont elles ne sauraient se séparer.
II)
Les contes de fées : moyen de révélation d'une vérité sociale et morale
Les contes merveilleux appartiennent néanmoins au genre de l'apologue, récit, souvent allégorique, en vers ou
en prose ayant une fonction démonstrative et une visée argumentative et renfermant des enseignements dont le
lecteur tire une morale pratique.
Le conte de fées peut donc être en conformité avec la réalité et contenir une
vérité pratique ancrée dans une époque et une société.
1)
révélation d'une vérité morale
Les contes merveilleux contiennent souvent une leçon appelée parfois morale, révélant une vérité pratique.
Cette
« morale » est notamment très précieuse pour le public enfantin.
Perrault, dans l'épître au dauphin précédant les
Contes de ma mère l'oye, insiste sur l'utilité morale de ses textes :
L'apparence en est puérile, je le confesse ; mais ces puérilités servent d'enveloppe à
des vérités importantes… Par les raisonnements et les conséquences qu'on peut tirer de ces
fables, on se forme le jugement et les mœurs, on se rend capable des grandes choses.
La vérité morale que contiennent les contes de fée a une vocation universelle mais peut aussi valoir pour une
époque et une société donnée.
Ainsi Perrault, dans sa version du Petit Chaperon Rouge, met-il en garde les jeunes
filles contre les « loups » de la société du XVIIe siècle que sont les séducteurs :
Je dis le loup, car tous les loups.
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