Les fugues UNE ERRANCE DANS LA NATURE La marche
Publié le 25/04/2024
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«
Les fugues
UNE ERRANCE DANS LA NATURE
La marche
Les poèmes accordent une place importance à la marche, dont témoigne la place du verbe
« aller » dans de nombreux poèmes, avec une progression.
« Les Reparties de Nina », poème en
tête du recueil, s’ouvre sur ce verbe conjugué au conditionnel, en unissant les amants, « nous
irions », puis le « je » s’affirme : « j’irais ».
Ce mouvement, encore rêvé, imaginaire, se change
ensuite en certitude, avec le choix du futur dans « Rêvé pour l’hiver » (« Nous irons »), puis, dans
« Sensation », avec la répétition de « j’irai ».
Enfin, dans « Ma Bohème », le choix de l’imparfait,
« Je m’en allais », « J’allais », marque un retour sur soi, dot la durée est accentuée, comme un
souvenir ébloui de ce temps des fugues.
L'actualisation spatio-temporelle
Parallèlement à cette marche, le cadre s’élargit, se dilate, mais en restant indéfini, flou.
Peu de noms de lieux, en effet, c’est l’espace qui compte, d’où les nombreux pluriels, « sentiers »,
« chemins », « au bord des routes », et la mention fréquente du « ciel », de « l’azur », qui ouvre
encore davantage vers l’infini.
Deux moments sont privilégiés, eux aussi symboliques.
Il y a l’aube, le temps de la
naissance du jour, tel l’espoir qui s’ouvre, comme dans « Les Reparties de Nina » : le « matin bleu,
qui vous baigne / de vin de jour ».
Mais, plus souvent, les poèmes évoquent le soir, d’abord parce
qu’il représente l’arrêt, la pause réparatrice, dans la ferme du « village », par exemple, dans
« Les Reparties de Nina », « Au Cabaret-Vert » ou dans « la salle à manger » où sert « La
Maline ».
Le soir, avec le ciel nocturne parsemé d’étoiles, est aussi le temps où les rêves
peuvent se déployer, où l’imagination se libère, comme dans « Roman », le temps de la
création poétique, illustré dans « Ma Bohème ».
Pour illustrer "Ma Bohème"
L’IMAGE DE LA NATURE
Le recueil la représente à travers la valeur symbolique des quatre éléments, qui parcourent
l’ensemble des textes.
1
L'air
Élément mouvant, le plus impalpable, il symbolise l’élan, l’enthousiasme, « le vent » est une
force qui pousse, qui permet de s’élever ; c’est le souffle qui, associé à l’espace sidéral, au ciel,
aux astres, stimule l’imaginaire.
Il est évoqué dès les premiers vers des « Reparties de Nina » :
« nous irions, / Ayant de l’air plein la narine », et les « bois frissonnants » sous le vent s’associent
à l’idée de sentir « frémir des chairs ».
Nous retrouvons cette force dans « Sensation », « Je
laisserai le vent baigner ma tête nue », mais surtout dans la deuxième partie d’« Ophélie ».
Rimbaud reprend l’héroïne d’Hamlet de Shakespeare, mais donne un tout autre sens à sa mort.
Dans la pièce, elle est amoureuse d’Hamlet, mais est incapable de comprendre sa quête de la
vérité, et, quand Hamlet assassine son père, Polonius, elle sombre dans la folie, et se noie de
désespoir.
Or, Rimbaud donne une toute autre cause à sa mort : « C’est que les vents tombant des
grands monts de Norvège / T’avaient parlé tout bas de l’âpre liberté ; / C’est qu’un souffle,
tordant ta longue chevelure, / À ton esprit rêveur portait d’étranges bruits », qui résonnent
quelques vers plus loin : « Ciel ! Amour ! Liberté ! » Comment ne pas voir ainsi, en Ophélie, une
sorte de double du jeune poète, lui aussi ivre de liberté lors de ses errances sous le vent.
L'eau
Elle se rattache aussi, par sa fluidité, à cette image de mouvement, mais davantage ambivalent.
Très fréquemment, elle est source de vie, ce sont les « gouttes / De rosée à [s]on front, comme
un vin de vigueur » qui, dans « Ma Bohème », telle l’eau du baptême, donne au poète sa dimension
sacrée en....
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