« Les hommes ont toujours aimé lire des histoires, dont ils savaient qu'elles étaient feintes, parce qu'ils en attendaient une vérité plus intime, plus vaste, plus proche de leur coeur que la vérité dite historique ». De quelle vérité l'oeuvre littéraire, malgré son caractère fictif, peut être l'expression ?
Extrait du document
«
Vérités à portée universelle ? Y a-t-il une vérité ?
=> Comment le récit littéraire, la fiction, parvient à argumenter, à convaincre, à faire passer ses idées comme
vraies ? Par le dialogue mais aussi la correspondance et surtout l'essai, les auteurs ont souvent tenté de présenter
et d'argumenter ce qui est, pour eux, une vérité, leur avis.
Toutefois, ces genres restent ardus et donc ne peuvent
toucher tout le monde.
C'est pourquoi de nombreux auteurs ont recourt à la fiction :
I- L'intérêt de la fiction pour argumenter
A- Plaire et instruire
« Il obtient tous les suffrages celui qui unit l'utile à l'agréable, et plaît et instruit en même temps.»
(Horace, Art poétique, III, 342-343).
• Parlez par exemple de Molière, moraliste => Dénonce les moeurs...
Désir de « corriger les vices des hommes »
Castigat ridendo mores.
Par le rire, il veut dénoncer les vices des hommes, leur en faire prendre conscience mais il
critique aussi des faits de société (ex : Les Précieuses ridicules).
Prendre l'exemple d'une pièce et développer le dans ce sens (L'Avare, L'École des femmes, Le Misanthrope...).
• Les idées s'incarnent dans des personnages.
Le texte théâtral : principalement constitué de dialogues ; un
personnage parle aux autres personnages mais aussi et surtout aux spectateurs (très visible dans les apartés mais
ne pas oublier que c'est tout le temps le cas).
• Le public est sollicité, sommé de juger les situations, les discours et les comportements.
Ex : par le discours de
Marcelline, la mère de Figaro, Beaumarchais interpelle ses contemporains.
(Marcelline[1] évoque la détresse des
femmes de condition sociale modeste, maintenues dans l'ignorance et la pauvreté, le comportement des hommes...).
B- Le tableau réaliste
• Lorsque l'auteur crée un personnage => le lecteur peut s'y attacher : touché par ses misères.
Cf.
la pauvre
Fantine qui est réduite à se faire couper les cheveux, puis arracher les dents et enfin se prostituer pour aider sa
petite Cosette (les Thénardier sont des escrocs en plus => encore plus pathétique).
=> Au XIXE siècle, le roman voulait être un miroir de la société : dénonciation des injustices sociales.
Hugo dénonce la misère dans Les Misérables, à travers plusieurs personnages touchants et vivants.
Ce ne sont pas
des types ; ont leurs défauts et leurs qualités => ressemblent au lecteur.
Cf.
Cosette, Fantine, Valjean...
C- La force du recours à la fiction
• Le personnage inventé permet à l'auteur de toucher plus fortement son lecteur et donc, il aura plus de chances de
le faire adhérer ou reconnaître ses idées => permet d'illustrer le propos de l'auteur / identification du lecteur.
• Le personnage narrateur : Lorsque le narrateur est « je », l'identification est plus forte : Hugo utilise donc cette
technique pour dénoncer la peine de mort dans Le Dernier jour d'un condamné => le narrateur est celui qui va se
faire guillotiner => le lecteur se sent proche de lui, compatit (et presque se met à sa place) => le lecteur sent donc
toute l'atrocité de la peine de mort – surtout à la fin puisque le récit s'arrête avec la vit du condamné.
• Et Hugo utilise même une histoire vraie dans Claude Gueux : le personnage a vraiment existé, il est vraiment mort
– il ne s'appelait sûrement pas « Gueux » qui insiste sur sa pauvreté mais il est mort : réalisme => touche le lecteur.
∆) Les auteurs utilisent la fiction comme vecteur de leurs idées => ainsi, leurs vérités (lutte contre la peine
de mort...) sont illustrées.
II- La force du récit littéraire
A- Simplicité de la lecture
• Les histoires d'animaux chez La Fontaine.
• Le Petit Prince : histoire illustrée des aquarelles de l'auteur, bien sympathique que les enfants apprécient.
• Candide : les personnages sont tous bons ou mauvais.
Jeux de mots sur les nom (Candide est naïf, M.
Vanderdendur, le méchant hollandais qui exploite le « nègre »...), facéties : les quartiers de noblesse...
Candide se
promène à travers le monde, découvre un pays utopique, celui de l'Eldorado...
Voltaire décrit le parcours d'un jeune
homme naïf qui parcourt le monde, accompagné de Pangloss son mentor, un philosophe pour qui « tout est pour le
mieux dans le meilleur des mondes ».
Dans Candide, nous sommes dans l'univers du conte, de l'histoire plaisante où le héros se fait fesser en
cadence et où ceux qui meurent peuvent revenir..
»
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