« Les mythes - comme tout ce qui vit - ont besoin d'être irrigués et renouvelés sous peine de mort », écrit Michel Tournier dans Le Vent Paraclet (1977). Comment le dramaturge a-t-il réussi à « irriguer » et à « renouveler» un mythe antique ?
Extrait du document
L'humour enfin donne du piquant à la
périphrase (la lune devient « une boule vide ») ou à l'énumération, quand
Giraudoux brise son essor par une chute cocasse : « les diverses manières de se
protéger des insectes, des orages, du hoquet » (1,2) ; il permet d'anticiper sur
l'avenir : « les poètes de la postérité se chargeront de votre conversation de
cette nuit » (II, 5) ; il aide à faire passer la satire politique : « cette
grande entreprise démocratique - la seule réussie, d'ailleurs - qui s'appelle la
nuit »
(1.1).
[2. L'anachronisme]
Les nombreux anachronismes dont Giraudoux parsème sa pièce ont deux fonctions.
L'auteur cherche bien entendu à amuser quand il introduit chez les Grecs des
objets (le divan, la fourchette, les « tissus des meilleures marques », le
fixatif pour les^cheveux), des métaux (l'acier et le platine), des fleurs (le
zinnia), des animaux (le caniche et l'ocelot) ou des notions scientifiques (les
chocs moléculaires) qui leur étaient totalement inconnus. Le zinnia venant du
Mexique et l'ocelot vivant en Amérique, on ne les connaît en Occident que depuis
la conquête du Nouveau Monde, et c'est à Henri III que nous devons l'usage de la
fourchette. Mais la fréquence des anachronismes suggère habilement que
l'histoire représentée sur scène pourrait fort bien se passer au XXE siècle.
D'ailleurs Alcmène ne se présente-t-elle pas comme une « petite-bourgeoise » ?
Et quand elle déclare solennellement : « C'est sur les vitres qu'on grave les
mots ineffaçables », l'anachronisme sert à renforcer un paradoxe qui se veut
intemporel.
[3.
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- « J'ai l'optimisme de croire qu'on a enfin compris dans les autres sphères de l'Enseignement que plus un auteur est proche de l'enfant dans le temps, plus il a de chance de l'intéresser et de l'enrichir. Toute éducation littéraire doit commencer par les contemporains » écrit Michel Tournier dans Le Vent Paradet (1977). Partagez-vous cette opinion? Vous illustrerez votre pensée par des exemples précis tirés de vos lectures.
- A propos de Don Juan, Michel Tournier en vient à écrire : C'est le propre des personnages mythiques de déborder ainsi leur berceau natal et d'acquérir une dimension et des significations que leurs auteurs n'avaient pas soupçonnés. En prenant appui sur les textes du corpus et sur votre culture, vous expliquerez en un développement organisé pourquoi certains mythes, ou personnages mythiques, continuent d'inspirer les créateurs et leur public, longtemps après leur apparition.
- Baudelaire a écrit en 1856, qu'une foule de gens se figurent que le but de la poésie est un enseignement quelconque, qu'elle doit tantôt fortifier la conscience, tantôt perfectionner les moeurs, tantôt enfin démontrer quoi que ce soit d'utile. Or, ajoute le poète, la poésie ne peut pas sous peine de mort ou de défaillance, s'assimiler à la science ou à la morale. Qu'en pensez-vous ?
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