Les salons philosophiques du XVIII ième siècle
Extrait du document
«
LE SALON DE MADAME DU DEFFAND (1740-1780)
Mlle de Vichy épousa le marquis du Deffand, mais se sépara bientôt de lui et mena une
existence très libre.
Elle tint d'abord salon rue de Beaune, puis, de 1740 à 1780, rue SaintDominique, où elle reçut tout un monde d'écrivains, de philosophes, de savants, ainsi que des
grands seigneurs et des étrangers.
Ses hôtes les plus célèbres furent Fontenelle, Montesquieu,
Marivaux et les principaux encyclopédistes.
Mme du Deffand avait gardé les manières d'autrefois, ne cachait pas son goût pour les
écrivains du XVIIe siècle et se moquait parfois des philosophes; pourtant elle les soutint, les
mit en rapport avec les gens en place, et contribua ainsi, un peu malgré elle, à la diffusion de
l'idéal nouveau.
Malheureusement, elle perdit la vue en 1752 et son humeur s'altéra; mais
l'amitié passionnée qu'elle voua au jeune Horace Walpole vint consoler et illuminer sa vieillesse.
La correspondance de Mme du Deffand est un témoignage d'une rare valeur historique,
littéraire et psychologique.
Elle contient des jugements personnels et délicats sur les écrivains;
elle révèle, en même temps que le désenchantement d'une âme demeurée solitaire dans
l'agitation du monde, l'évolution d'un esprit qui passa de l'ironie à l'enthousiasme.
LE SALON DE MADAME GEOFFRIN (1749-1777)
Mme Geoffrin, fille d'un valet de chambre de la Dauphine, était une simple bourgeoise.
Intelligente et ambitieuse, elle ouvrit un salon rue Saint-Honoré.
Le lundi, elle recevait les
artistes : Falconet, Soufflot, Pigalle, Vernet, Boucher, Quentin de la Tour, Van Loo.
Le
mercredi, elle recevait les écrivains et les savants : Marivaux, Saint-Lambert, Morellet,
Marmontel, le comte de Caylus, l'abbé Raynal, Grimm, d'Holbach, et enfin les deux fidèles,
Helvétius et d'Alembert.
Elle accueillait aussi les notabilités étrangères : l'abbé Galiani, Horace
Walpole, et surtout le prince Stanislas Poniatowski, avec lequel elle entretint une
correspondance affectueuse.
Le salon de Mme Geoffrin devint pour les philosophes un véritable centre de rayonnement.
Certes, la maîtresse de maison savait, à l'occasion, calmer les passions et les intempérances de
langage.
Mais, d'une façon générale, elle était favorable aux idées nouvelles..
Elle subventionna
l'Encyclopédie; elle aida les philosophes de ses conseils et parfois de sa bourse.
Sa renommée
fut européenne.
LES SALONS PRÉRÉVOLUTIONNAIRES
Les encyclopédistes fréquentent aussi d'autres salons où sont admises les discussions les plus
audacieuses.
Les principaux sont le salon de Mme d'Epinay, où régnait Grimm; celui de Mme
Necker, où fréquentaient Morellet, Marmontel, l'abbé Galiani, Diderot, d'Alembert; celui de Mme
Helvétius; enfin le salon de Mme d'Holbach, où l'on pouvait entendre, écrit Morellet, « la
conversation la plus libre, la plus animée et la plus instructive qui fut jamais »..
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