l'histoire est du roman qui a été. Le roman est de l'histoire qui aurait pu être (Edmond de Goncourt). qu'en pensez-vous ?
Extrait du document
«
« L'histoire est du roman qui a été.
Le roman est de l'histoire qui aurait pu être.
» EDMOND DE GONCOURT.
On sait l'influence du romantisme sur la renaissance de l'histoire au XIXe siècle {Les Martyrs, Waller Scott).
Thierry
voulut rivaliser avec le roman et la poésie, de vie, de couleur, de pittoresque.
Michelet de même.
Nous ne nous
étonnerons donc pas d'entendre Edmond de Goncourt confondre presque les genres....
Il y a dans ces paroles toute
une conception de l'histoire, du roman aussi, d'ailleurs, qu'il s'agit de dégager et de critiquer.
I.
Qu'est-ce que l'histoire, surtout l'histoire romantique ?
Non seulement la connaissance et l'explication, mais la résurrection du passé.
Il ne s'agit pas d'inventer : on raconte
« ce qui a été.
» Donc recherches et méthode, documentation et critique : l'histoire est une science.
Mais elle est
un art aussi : elle fait revivre les hommes et les événements (civilisation, milieu, décor, etc.).
L'historien doit être à
la fois peintre et poète.
(Exemples.)
II.
Qu'est-ce que le roman ?
C'est un récit imaginaire qui doit donner l'impression de la vérité, du vécu, comme on dit maintenant.
C'est
évidemment, avant tout, une oeuvre d'art qui vit de fiction.
Elle peut être aussi une oeuvre de science.
Non
seulement le romancier doit bien connaître le coeur humain, mais s'il veut faire un roman historique, c'est-à-dire
emprunter à l'histoire le décor ou quelques personnages, on ne lui demandera plus seulement d'être vraisemblable,
mais aussi d'être vrai, pour tout ce qui touche à l'histoire.
Un roman peut ainsi être une savante reconstitution
archéologique (Salammbô).
Même dans un roman réaliste, peinture de la société contemporaine, on peut, au lieu de
laisser libre carrière à son imagination, s'entourer d'une documentation exacte et minutieuse.
C'est ce que faisaient
Zola et les Goncourt.
Et ils insistaient sur le côté « expérimental » de leurs oeuvres.
III.
On voit maintenant les rapports entre les deux genres et le sens du mot de Goncourt.
L'historien, comme le romancier, doit être un artiste; il ne lui suffit pas d'être intelligent, il a besoin d'imagination et
de sensibilité.
Et le roman, au moins tel que l'entend Goncourt, n'est pas une oeuvre de pure fantaisie, il a quelque
chose de l'austérité et de la vérité de l'histoire.
Un roman bien fait est un document ou une collection de documents
humains.
Cette double conception est défendable.
Cependant elle n'est pas sans danger.
1.
A souligner ainsi les ressemblances entre le roman et l'histoire on risque de les confondre.
« Dans les histoires du
genre de celles-ci, dit Renan, dans la préface de la « Vie de Jésus, » le grand signe qu'on tient le vrai est d'avoir
réussi à combiner les textes d'une façon qui constitue un récit logique, vraisemblable, où rien ne détonne.
»
2.
De même un roman n'aura jamais la valeur d'une expérience scientifique.
Quels que soient ses documents et ses
fiches, le romancier les combine toujours à son gré, sans autre règle que sa fantaisie.
Chaque genre a ses lois propres.
Il est à souhaiter que l'histoire soit toujours aussi intéressante que le roman, le
roman aussi instructif que l'histoire.
Mais il ne faut pas que l'historien trahisse la vérité, sous prétexte d'être vivant,
pittoresque ou émouvant, ni que le roman ennuie ou rebute, sous prétexte de faire vrai..
»
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