L'histoire romantique.

« L'histoire romantique. Le désir de mieux connaître le passé national, la curiosité soulevée par les oeuvres de Chateaubriand et de Walter Scott entraînent un renouveau des études historiques.

Des sociétés se fondent en vue de la recherche érudite : Antiquaires de Normandie, Société française d'archéologie, Antiquaires de l'Ouest, Société de l'histoire de France.

En 1837, est créée la Commission nationale des monuments historiques spécialement chargée de la conservation des vieux édifices.

Dans une atmosphère si favorable, les historiens se mettent à l'oeuvre d'autant plus courageusement qu'ils jouissent sous la Restauration et davantage encore sous la monarchie de Juillet d'une liberté d'expression relative.

Une belle confiance les anime.

Alors que, de nos jours, les grandes synthèses historiques sont le fruit d'un long travail d'équipe, ils ne pensent pas qu'il soit impossible à un seul homme de traiter l'Histoire de la Révolution d' Angleterre (Guizot), l'Histoire du Consulat et de l'Empire (Thiers) ou même l' Histoire de France (Michelet) .

Tous accordent une importance primordiale au travail préalable de recherche.

Deux sont particulièrement bien placés pour se documenter : AUGUSTIN THIERRY, chargé à partir de 1830 de diriger la publication des Documents inédits relatifs à l'histoire de France, Michelet, chef de la division historique aux Archives nationales. A des degrés divers, ils considèrent l'histoire comme une oeuvre d'art.

Les premiers ouvrages d'Augustin Thierry sont des modèles de narration vivante et dramatique.

Michelet utilise pour ressusciter le passé toutes les ressources d'une sensibilité frémissante et d'une imagination de visionnaire.

Barante, Mignet, Henri Martin s'efforcent de conter agréablement.

L'oeuvre de Thiers, à défaut de qualités plus brillantes, offre le mérite de la précision, de la sobriété, de la clarté. On fait habituellement la distinction entre histoire philosophique et histoire narrative.

Sont considérés comme des historiens philosophes, GUIZOT, qui se fonde sur l'histoire pour démontrer que l'égalité n'est qu'une dangereuse utopie, Quinet, ennemi de l'Église, adepte du progrès, sorte de prophète laïc, Alexis de Tocqueville, qui, de son étude des institutions politiques aux États-Unis et en France, tire des leçons relatives à l'avenir de la démocratie, Louis Blanc, qui écrit l'histoire narrative.

Mais chez les représentants de l'histoire narrative, Augustin Thierry, Michelet, les préoccupations philosophiques interviennent aussi. Au total, les historiens romantiques ont produit des oeuvres suggestives et fécondes.

Mais ils ont trop accordé à l'art, trop sacrifié à la philosophie.

C'est pourquoi ils n'ont pas réussi à créer la véritable science historique.. »