L'oeuvre d'André Gide
Extrait du document
«
André Gide reçut une éducation sévère, puis s'émancipa.
Mais l'inquiétude n'a jamais cessé de l'habiter; et les
récits de sa maturité attestent les hésitations de sa pensée.
L'apaisement vient dans les dernières années, avec
une plus parfaite connaissance de soi-même, dont témoignent les oeuvres autobiographiques.
1 La carrière de Gide
L'ADOLESCENCE CONTRAINTE
André Gide, « né à Paris d'un père uzétien et d'une mère normande », grandit dans une
atmosphère puritaine, qu'il devait évoquer dans Si le grain ne meurt.
Après des études
irrégulières, il fréquente les cercles littéraires d'avant-garde, mais demeure sous la tutelle
familiale.
Les Cahiers d'André Walter (1891) révèlent son incertitude anxieuse et ses aspirations
vagues.
LA JEUNESSE IMPATIENTE
En octobre 1893, Gide, menacé de tuberculose, part pour l'Afrique du Nord;
il hiverne à Biskra, où il retrouve la santé et la joie de vivre.
Au retour, la
vie confinée des hommes de lettres parisiens lui apparaît dérisoire : il s'en
moque dans une « sotie », Paludes (1895).
L'ivresse de la liberté qu'il a connue éclate
dans la prose lyrique des Nourritures terrestres (1897) et se discerne encore dans les épisodes
d'un récit en partie autobiographique, L'Immoraliste (1902).
Les Nourritures terrestres.
L'écrivain s'adresse à un jeune homme qu'il appelle Nathanaël; il se propose de lui révéler la vie véritable, au contact
de la terre et de ses joies.
Il vante l'exaltation du désir, la fièvre de l'attente, la vertu de l'enthousiasme.
Il célèbre
l'agrément du voyage, la beauté des fleurs et la saveur des fruits.
Il évoque ses propres découvertes et ses
souvenirs du paradis africain.
Que Nathanaël sache partir à son tour pour vivre son aventure! Qu'il sache jouir des
choses et promène sur le monde un regard indéfiniment ébloui !
L'Immoraliste
Michel, peu de temps après avoir épousé Marceline, tombe malade et crache le sang; sa jeune femme le soigne avec
un dévouement admirable.
Un séjour à Biskra, puis un voyage à travers l'Afrique du Nord, l'aident à recouvrer la
santé.
Guéri, il subit, à Paris, l'influence du cynique Ménalque et s'abandonne au plaisir.
Marceline, cependant,
tombe malade à son tour; mais au lieu de lui donner les soins qu'exige son état, il l'entraîne de nouveau en Afrique
du Nord où, délaissée, elle s'épuise et meurt.
LA MATURITÉ INQUIÈTE
Gide se garde d'ériger en maxime l'égoïsme de son immoraliste.
Marié avec sa cousine, il mène
une existence bourgeoise, traversée seulement de crises intérieures ou secrètes.
La plupart de
ses oeuvres vont révéler désormais une oscillation ou un conflit entre l'aventure et la sagesse,
le plaisir et le sacrifice.
A Michel, il oppose Alissa, l'héroïne de La Porte étroite (1909), qui
refuse le bonheur terrestre et choisit pour mériter le ciel la voie ingrate du renoncement.
Au
jeune anarchiste Lafcadio, qui, dans une nouvelle « sotie » aux épisodes saugrenus, Les Caves
du Vatican (1914), bafoue en se jouant les lois de la société, succède le héros déjà mûr de La
Symphonie pastorale (1919), un homme d'Église grave et scrupuleux, qui lutte avec désespoir
contre ses tentations.
Quant aux Faux-Monnayeurs (1925), c'est un roman aux aspects
multiples, où sont réunis les éléments contradictoires de l'expérience gidienne.
La Porte étroite.
Jérôme, après une enfance fragile, est devenu amoureux d'Alissa.
Un jour, au temple, ils entendent tous deux le
verset que le pasteur a choisi comme thème de sermon : « Efforcez-vous d'entrer par la porte étroite, car la porte
large et le chemin spacieux mènent à la perdition.
» Alissa, cependant, sent monter en elle une tendresse profonde
pour Jérôme.
Les.
deux jeunes gens paraissent donc appelés à un bonheur commun.
Pourtant, Alissa lutte contre
elle-même : sans laisser ignorer son amour à Jérôme, elle semble vouloir le détacher d'elle.
Est-ce pour tenter
d'assurer, par son sacrifice, le bonheur de sa soeur Juliette ? Son journal, découvert après sa mort prématurée,
révèle qu'elle a obéi surtout à des raisons d'ordre mystique; elle a choisi la porte étroite, en répétant après Pascal :
« Tout ce qui n'est pas Dieu ne peut pas remplir mon attente.
»
Les Faux-Monnayeurs.
Bernard Profitendieu quitte sa famille, où il pense avoir vécu jusque-là dans une atmosphère de mensonge.
Il
demande asile à son camarade Olivier, puis rencontre Édouard, l'oncle d'Olivier, un romancier qui s'est donné pour
tâche essentielle de pénétrer les mobiles secrets des êtres.
Olivier, de son côté, se hasarde dans les milieux
littéraires et se lie avec un écrivain faisandé, Passavant.
Les pages du journal où Édouard consigne ses observations
quotidiennes alternent avec les extraits de la correspondance échangée entre Bernard et Olivier.
De nombreux.
»
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