L'oeuvre de BENJAMIN CONSTANT
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BENJAMIN CONSTANT (1767-1830)
Benjamin Constant, né à Lausanne, étudie dans des universités anglaises et allemandes, puis
voyage à travers plusieurs pays et, après un mariage malheureux, s'installe à Paris, en 1796.
Naturalisé français, il se signale par plusieurs brochures politiques; la protection de Mme de
Staël lui vaut, après le 18 Brumaire, un siège au Tribunat.
Il suit sa protectrice en exil et la
retrouve, de 1805 à 1807, à Coppet, où il compose Adolphe.
En 1808, il épouse en secret
Charlotte de Hardenberg.
Brouillé avec Mme de Staël, il séjourne en Allemagne, où il écrit
contre le régime impérial.
Il regagne Paris après la chute de Napoléon et se rapproche de lui
pendant les Cent-Jours.
Après Waterloo, il gagne l'Angleterre et publie Adolphe (1816).
Après la
dissolution de la Chambre Introuvable, il rentre en France; élu député, il devient l'un des chefs
du parti libéral.
En littérature, il laisse surtout un nom grâce aux oeuvres où il s'est analysé et
raconté : Adolphe, une autobiographie déguisée; Le Cahier rouge, un récit élégant et cynique
de sa jeunesse; le Journal intime, où il note les événements de sa vie et en particulier, de
1814 à 1816, les épisodes d'un amour malheureux pour Mme Récamier.
L'histoire d'une servitude sentimentale : Adolphe.
Adolphe a vingt-deux ans; il vient de terminer ses études.
Doué d'un naturel timide, il garde le secret de sa vie
intérieure et il affecte en société une légèreté qui indispose et déconcerte.
Adolphe fait la connaissance d'Ellénore
qui l'intéresse et qui l'attire; par jeu, par désoeuvrement, il entreprend de la séduire.
Mais Adolphe est bientôt prisonnier de sa conquête.
Ellénore, qui lui a sacrifié son amant, l'enchaîne.
Comme il est
allé retrouver son père, elle le rejoint, gagne sa pitié et l'entraîne; il la suit en Pologne, où elle va recueillir l'héritage
paternel.
Dans son exil polonais, Adolphe a une position délicate, car il se trouve, sans situation, l'hôte d'une femme
désormais riche.
Un ami de son père, le baron de T., lui remontre qu'il compromet son avenir et lui arrache une
promesse de rupture; mais la vigilance d'Ellénore, qui use de tous les moyens pour le retenir, lui fait toujours différer
la décision définitive.
Le baron de T., qui veut en finir, révèle à Ellénore la promesse d'Adolphe.
Brisée par cette nouvelle, Ellénore dépérit
et meurt.
Adolphe se retrouve enfin libre, mais désemparé.
Adolphe est, dans une large mesure, un témoignage sur les amours tourmentées de Benjamin Constant et de Mme
de Staël.
L'écrivain a transposé ses aventures afin de donner le change et prête à son héroïne des traits empruntés
à d'autres femmes qu'il a connues.
Mais il se peint dans son héros, qui est, comme lui, à la fois brillant et instable;
lucide et sans énergie; plus attentif à s'observer qu'apte à se déterminer.
La sujétion d'Adolphe, incapable de
secouer une chaîne pesante, dominé sans amour par une maîtresse tyrannique, entraîné dans ses pérégrinations et
retenu auprès d'elle en Pologne, rappelle sa propre sujétion aux volontés de Mme de Staël, dont il partagea l'exil à
Weimar avant de trouver auprès d'elle une hospitalité orageuse dans son château de Coppet.
Adolphe, dans sa
brièveté un peu sèche, fournit un témoignage psychologique de grand prix.
Le récit, limpide et nu, est plein de
détails cruels, qui permettent de saisir à vif le mécanisme des sentiments.
Le style, presque toujours sobre, offre
l'élégance et la précision qui conviennent à l'analyse..
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