L'oeuvre de CHRÉTIEN DE TROYES
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CHRÉTIEN DE TROYES.
— De tous les poètes qui exploitèrent et adaptèrent au goût français la « matière de
Bretagne », le plus célèbre est Chrétien de Troyes.
On ne sait presque rien de sa vie.
Il eut pour protectrice et pour
inspiratrice une autre Marie de France, femme du comte Henri I" de Champagne,
fille de Louis VII et d'Aliénor de Guienne.
Peut-être Marie connut-elle par sa mère, devenue reine d'Angleterre dès
1554, des lais et des romans gallois ou anglo-normands qu'elle communiqua au poète français ? Nous savons que
celui-ci lui dut le sujet du Chevalier à la Charrette ; nous savons aussi qu'il écrivit son Perceval d'après un original
que lui fournit le comte de Flandre, Philippe d'Alsace, qui avait séjourné en Angleterre.
Les oeuvres de Chrétien ne sont pas toutes parvenues jusqu'à nous.
Après Tristan (vers 1160), il donna Érec, Cligès, Lancelot ou le Chevalier à la Charrette (vers 1170), Yvain ou le
Chevalier au Lion, Perceval (vers 1175).
Ce dernier roman est resté inachevé, interrompu peut-être par la mort de
l'auteur.
Nous allons donner une rapide analyse des trois principaux poèmes.
Le Chevalier au Lion.
— Voici le vrai roman artharien.
Il y a une sorte de prologue dans lequel nous entendons
plusieurs chevaliers, réunis à la cour d'Arthur, raconter leurs exploits.
Sur les indications de l'un d'eux, Yvain se rend
dans la forêt de Brocéliande, où il découvre une fontaine.
abritée par un pin et entourée d'un perron d'émeraude.
Il
prend de l'eau, dans une tasse d'or suspendue au pin, et la répand sur le perron.
Aussitôt s'élève une formidable
tempête.
Puis un chevalier se présente et l'attaque.
Yvain lui résiste vaillamment, le blesse à mort, et le poursuit
jusqu'en son château, où il pénètre et se cache.
Yvain assiste aux funérailles du chevalier ; il aperçoit sa veuve et
s'éprend d'amour pour elle.
Grâce à une confidente de la châtelaine, véritable soubrette de comédie, il peut pénétrer
jusqu'à la dame et l'épouser.
Chrétien a traité avec un art raffiné, plein d'esprit et de sûreté, les entrevues d'Yvain
et de la dame.
— Bientôt le roi Arthur, suivi de ses barons, arrive à la fontaine; t vain leur dorme l'hospitalité dans
son château ; puis, désireux d'accomplir de nouveaux exploits, il quitte sa dame pour un an.
Quand il revient, le
terme est passé ; rentrée de sa demeure lui est refusée.
Alors, il se jette, par désespoir, dans de folles équipées.
C'est dans rune d'elles, qu'il délivre un lion d'un serpent qui l'enlaçait; ce lion, reconnaissant, s'attache à lui : de là
son titre de Chevalier au Lion.
Enfin, sa vaillance lui obtient son pardon.
Lancelot ou le Chevalier à la Charrette.
— Ce roman est beaucoup plus touffu; il n'est pas d'ailleurs tout entier
de la main de Chrétien, qui le fit terminer par Godefroy de Lagni.
— Le titre vient de ce que fun des chevaliers de la
cour d'Arthur, Lancelot (qui n'est nommé que fort tard dans le poème, pour piquer la curiosité des lecteurs), est
parti à la recherche de la reine Genièvre, femme d'Arthur, enlevée par Méléagant, fils de Bademagne, "roi du pays
d'où l'on ne revient pas".
En chemin, Lancelot perd son cheval, et, pour ne pas interrompre sa poursuite, il accepte
de monter sur une charrette conduite par un nain : c'était une sorte de déshonneur, auquel il se soumettait
volontairement "pour le service de sa dame".
Nous avons ici un trait essentiel d'amour courtois.
— Lancelot franchit
le pont périlleux, tranchant comme le fil d'une épée.
Après plusieurs épisodes, il délivre la reine, pour l'amour de
laquelle il consent encore à se laisser humilier dans un tournoi, jusqu'à ce qu'elle l'ait autorisé à prendre sa
revanche.
— Lancelot est le type le plus parfait du chevalier.
Non moins célèbre fut Gauvain, neveu d'Arthur, modèle
de bravoure et de fidélité désintéressée, qui joue un rôle important dans le poème.
Auprès d'eux, le sénéchal Keu,
fort brave aussi, se trouve placé parfois dans des situations presque comiques.
— Le Chevalier à la Charrette fut
mis en prose sous le titre de Lancelot (1220), et jouit jusqu'au seizième siècle d'une réputation européenne.
Perceval.
— Le père et les deux frères aînés du jeune Perceval ayant été tués dans des tournois, sa mère tente de
conjurer la fatalité qui semble menacer toute la famille, en se retirant avec son enfant dans un château perdu au
milieu d'une Naste forêt ; elle espère que celui-ci échappera aux séductions de la chevalerie.
Mais Perceval, errant
dans la forêt, rencontre des chevaliers, s'entretient avec eux; et, malgré les protestations de sa mère, il part.
Il se
rend dans le château du roi pécheur, où il aperçoit le Graal : il devait, parait-il, poser une question au sujet du vase
mystérieux dont il aurait ainsi rompu l'enchantement ; mais il reste muet.
— Là se termine l'oeuvre de Chrétien.
La légende de Perceval a été complétée par un grand nombre de poètes.
Dans ces différentes suites, le Graal
devient le vase où Joseph d'Arimathie recueillit le sang du Christ.
A la même époque, Robert de Boron compose trois
poèmes qui s'enchaînent : Joseph d'Arimathie, Merlin, Perceval.
Puis sous le titre de la Quête du Saint-Graal
(attribuée à Robert de Boron, et dont le texte français est perdu) nous avons un récit des aventures de Galaad, fils
de Lancelot, qui remplace Perceval dans sa mission..
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