L'oeuvre de JULES ROMAINS
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JULES ROMAINS (né en 1885)
Louis Farigoule, qui s'est donné le pseudonyme de JULES ROMAINS, est originaire du Velay, mais il a passé son
enfance à Paris, où son père était instituteur.
Admis à l'École normale supérieure en 1905, à l'agrégation de
philosophie en 1909, il a fait partie de l'Université jusqu'en 1919.
A vingt ans, il avait déjà élaboré une doctrine,
l'unanimisme, dont ses œuvres seront l'illustration.
Après la guerre, il se lance dans une double carrière de romancier
et de dramaturge.
Il abandonne le théâtre en 1930, pour se consacrer à son grand roman, Les Hommes de bonne
volonté, qu'il n'achèvera qu'en 1947.
Il avait dénoncé les dangers de la politique hitlérienne.
En 1940, il est obligé de quitter la France.
Il n'y rentre qu'en
1946, après avoir séjourné aux États-Unis, puis au Mexique.
Ses dernières œuvres, non citées ici, ont eu moins de
prise sur l'époque, mais il est devenu, vivant, un écrivain classique.
PRINCIPALES OEUVRES
La Vie unanime (1908) : poèmes.
Mort de quelqu'un (1911), Les Copains (1913) : récits d'inspiration unanimiste.
Psyché (1922-1929) : suite de trois romans sur l'amour conjugal.
M.
Le Trouhadec saisi par la débauche (1923), Knock ou le Triomphe de la médecine (1923), Le Dictateur (1926),
Donogoo (1930) : pièces de théâtre.
Les Hommes de bonne volonté (27 volumes, 1932-1947).
Cet immense roman offre le tableau de la société française pendant un quart de siècle (1908-1933).
Parmi l'infinie
diversité des épisodes, on retiendra surtout des évocations de jeunesse visiblement authentiques, des scènes de la
vie parisienne, le « crime de Quinette », la bataille de Verdun, de charmantes histoires d'amour, le récit d'intrigues
financières ou politiques.
Ici, le poète Strigelius ébauche sa Leçon d'un cénotaphe, qui semble un pastiche du
Cimetière marin.
Ailleurs, de jeunes écrivains, peu après 1918, parlent de « démolir la réalité ».
C'est tout un
grouillement de personnages (environ six cents), dont les destinées ne se rejoignent que rarement.
LE THÉORICIEN DE L'UNANIMISME
La clé de toute l'oeuvre de Jules Romanis est l'unanimisme, dont il eut la révélation en remontant la rue
d'Amsterdam, un soir de 1903, alors qu'il était élève du lycée Condorcet.
L'unanimisme repose sur une constatation :
nous ne sommes pas des « archipels de solitude ».
Du seul fait que des individus se trouvent groupés, il s'établit
en.tre eux, le plus souvent à, leur insu, des liens de solidarité.
Des êtres collectifs se forment, qui ont chacun leur
personnalité.
L'occasion sera, par exemple, le sentiment de compassion que peut provoquer la « mort de quelqu'un
».
C'est à la psychologie de ces groupes que Jules Romains s'intéresse surtout, depuis le simple couple (Psyché)
jusqu'à l'immense société des « hommes de bonne volonté ».
De belles convictions l'animent : croyance en la
solidarité humaine, socialisme fraternel.
Dans la préface de son grand roman, il veut nous persuader que malgré
l'incohérence qui règne autour de nous, certains actes humains ont « l'air de répondre aux desseins les plus originels
de l'Esprit ».
Mais les derniers volumes, où s'annonce, il est vrai, la catastrophe de 1939, ont un accent
désenchanté.
UN VIRTUOSE DE L'INTELLIGENCE
Il possède une intelligence très sûre d'elle-même, admirable instrument de compréhension et de création.
Chacune
de ses oeuvres donne l'impression d'une construction savamment agencée, où rien.
n'est laissé au hasard.
Dans Les
Hommes de bonne volonté, il accomplit le tour de force de paraître au courant de tout.
Lorsqu'il se réfère à son
expérience personnelle, la justesse de sa pensée, la netteté vigoureuse de son style ont quelque chose
d'éblouissant.
Mais un grand nombre d'épisodes de ce vaste roman.
ont été imaginés un peu gratuitement ou
reconstitués à l'aide d'une documentation dont les traces restent visibles.
D'autre part, il a gardé de sa jeunesse
normalienne le goût des plaisanteries d'étudiant, et l'on ne sait pas toujours avec lui où commence, où s'arrête la
mystification.
Sa psychologie porte la marque de cet intellectualisme.
Beaucoup de ses personnages sont des constructions
abstraites plus que des êtres de chair.
Leurs sentiments, leurs mobiles ont une précision de rouages.
En eux, la part
de spontanéité, d'impulsivité et, pour tout dire, de naturel pourrait sembler insuffisante à un réaliste.
Mais au
réalisme banal, Jules Romains préfère une forme d'art plus stylisée.
Et dans son cas, la stylisation favorise la poésie,
une très haute et parfois très émouvante poésie de l'humain..
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