L'oeuvre de Roger Martin du Gard
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LA CARRIÈRE DU ROMANCIER
Roger Martin du Gard, chartiste, archiviste-paléographe, a conservé, de sa formation, le
respect de la vérité historique et des méthodes scientifiques.
Il s'est toujours tenu à l'écart
des milieux littéraires, mais subit l'influence de Romain Rolland et aussi d'André Gide, dont il
devint l'ami.
Son premier livre important, jean Barois (1913), décrit l'évolution d'un intellectuel
qui, parmi les remous de l'affaire Dreyfus, perd la foi de son enfance et adhère, après de cruels
débats de conscience, aux doctrines du matérialisme scientiste, pour revenir enfin à la religion
dans le désarroi de la maladie.
Son talent d'écrivain s'affirme encore dans des farces
villageoises, puis dans Une nouvelle sobre et hardie, La Confidence africaine, et dans des
tableaux de moeurs paysannes, Vieille France.
Mais la notoriété lui vint d'un roman cyclique en
sept parties et un épilogue, Les Thibault (1922-194o); elle a été consacrée, en 1937, par
l'attribution du prix Nobel.
Les Thibault.
M.
Oscar Thibault est un grand bourgeois catholique d'extrême droite, dur, orgueilleux, obstiné dans ses préjugés de
classe.
Pour couper court à l'amitié exaltée qui unit son fils Jacques au jeune protestant Daniel de Fontanin (Le
Cahier gris), il le fait interner dans une maison de redressement au régime très dur qui compte parmi ses « bonnes
œuvres » (Le Pénitencier).
Libéré, le jeune homme s'abandonne à son amour pour Jenny de Fontanin et demeure
dressé contre son père (La Belle Saison).
Son frère aîné, Antoine, a pu s'affranchir sans gréer de scandale : médecin, il se consacre à sa profession avec
ferveur (La Consultation); Oscar Thibault reçoit, avant de mourir, ses soins admirables (La Sorellina; La Mort du
père).
Mais Jacques, lui, a fini par rompre toutes les attaches; en Suisse, où il s'est réfugié, il fréquente des milieux
révolutionnaires; quand la guerre éclate, il sacrifie sa vie dans un raid de propagande pacifiste au-dessus des lignes
(Été 1914).
Antoine, miné par la guerre, meurt désenchanté (Épilogue).
L'INTÉRÊT DES THIBAULT
En peignant la vie d'une famille bourgeoise pendant les premières années du siècle, Roger
Martin du Gard a voulu demeurer toujours objectif et mesuré.
Mais l'honnêteté de sa peinture
ne l'a pas empêché de prendre implicitement parti.
Oscar Thibault lui apparaît évidemment
comme le symbole d'un ordre suranné : il lui oppose deux représentants d'une génération
nouvelle, entre lesquels semble osciller sa sympathie.
Antoine, esprit méthodique et positif, ne
se flatte pas de peser sur le destin collectif de ses semblables et choisit de venir en aide aux
misères individuelles; Jacques, dans son idéalisme passionné, lutte pour la sauvegarde de la
paix, pour l'avènement de la révolution sociale.
Leur double défaite illustre la tristesse du
romancier lui-même qui, témoin d'une époque cruelle, ne veut pas se leurrer sur les chances
d'un salut prochain.
Roger Martin du Gard est un artiste scrupuleux.
Il ne cherche ni le pittoresque, ni l'éclat, mais
la vigueur de la composition, la justesse du trait, la sûreté de l'expression.
Dans La
Consultation, dans La Mort du père, il soutient d'un bout à l'autre l'intérêt pathétique grâce à
la maîtrise d'un art dépouillé qui parvient à créer l'illusion exacte de la vie..
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